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DE POMPÉI

parvenu, une terreur intense (et cela est étrange à dire, mais elle n’était pas dépourvue de charmes), régnèrent dans l’assemblée, qui semblait sous l’empire d’unrêve terrible.


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CHAPITRE III.

Salluste et la lettre de Nydia.


Salluste s’était réveillé trois fois dans son sommeil du matin, et trois fois, en se rappelant que son ami devait mourir ce jour-là, il avait soupiré profondément, et s’était retourné sur son lit, pour tâcher de retrouver un court oubli. Son seul but dans la vie était d’éviter le chagrin et, lorsqu’il ne pouvait pas l’éviter, de l’oublier au moins.

Enfin, ne pouvant plus endormir sa peine, il se souleva sur sa couche, et aperçut son affranchi favori, assis à côté de lui, comme d’habitude ; car Salluste, qui, comme je l’ai dit, avait le goût des belles-lettres, ainsi que les personnes distinguées, se faisait faire des lectures le matin avant de se lever.

« Pas de livres aujourd’hui, dit-il, pas même Tibulle ! pas de Pindare pour moi. Pindare ! hélas, hélas ! son nom me rappelle ces jeux qu’il a chantés, et dont notre amphithéâtre a stupidement accepté l’héritage… L’amphithéâtre est-il ouvert, les jeux ont-ils commencé ?

— Depuis longtemps, Salluste. N’avez-vous pas entendu les trompettes, et le bruit de la foule qui se rendait au Cirque ?

— Si, si ; mais, grâce aux dieux, j’étais assoupi, et je n’ai eu besoin que de me retourner pour me rendormir.

— Les gladiateurs combattent sans doute depuis longtemps ? —Lesmalheureux ! pasun de mes gens n’estallé à ce spectacle ?

— Non assurément, vos ordres étaient trop sévères.

— C’est bien ; que ce jour n’est-il passé ! Quelle lettre est sur cette table ?

— Cette lettre. ah ! celle qu’on vous a apportée hier, lorsque vous étiez trop… trop…

— Trop ivre pour la lire, je suppose. N’importe, elle ne doit pas être d’une grande importance.

— L’ouvrirai-je, Salluste ?