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DE POMPÉI

et ses yeux étaient fermés pour toujours. C’était le sang de sa vie qui teignait de noir le sable et la sciure de bois de l’arène.

« C’est dommage que le combat n’ait pas duré plus longtemps, dit Fulvie, ce n’est guère la peine de déranger les gens.

— C’est vrai… Je n’éprouve aucune pitié pour Berbix… Pourquoi n’a-t —il pas vu, comme tout le monde, la feinte de Nobilior ? Tenez ! voici qu’on attache le fatal crochet au corps. On va le conduire au spoliarium. On remet d’autre sable sur l’arène. Pansa ne regrette rien tant que de n’être pas assez riche pour couvrir l’arène de borax et de cinabre, ainsi que le faisait Néron.

— Du moins si le combat a été court, un autre le remplace promptement. Voyez mon beau Lydon dans l’arène et l’homme au filet également, et les autres avec leurs épées : oh ! c’est charmant ! »

Il y avait maintenant six combattants dans l’arène : Niger et son filet en présence de Sporus avec son bouclier et son petit sabre, Lydon et Tétraidès, nus, sauf une ceinture qui entourait leurs reins, chacun armé d’un lourd ceste grec, et deux gladiateurs de Rome revêtus d’acier avec d’énormes boucliers et des épées pointues.

La lutte au ceste entre Lydon et Tétraidès étant moins redoutable que celle des autres combattants, ceux-ci, dès que les premiers se furent avancés dans l’arène, reculèrent un instant, comme par un consentement commun, afin de voir comment se terminerait ce premier assaut, et d’attendre qu’il fît place à des armes plus terribles, avant de commencer eux-mêmes les hostilités. Ils s’appuyèrent sur leurs armes, séparés les uns des autres, les yeux fixés sur le jeu, qui n’était pas assez sanglant pour satisfaire la populace, mais qui ne laissait pas néanmoins de l’intéresser, parce qu’il venait de la Grèce, le pays des ancêtres.

Au premier coup d’œil, les deux antagonistes ne semblaient pas faits l’un pour l’autre. Tétraidès, quoiqu’il ne fût pas plus grand que Lydon, était beaucoup plus gros. La force naturelle de ses muscles s’augmentait, aux yeux du vulgaire, de l’épaisseur de sa chair ; car on croyait généralement que l’embonpoint ne pouvait qu’être favorable au combat du ceste, et Tétraidès avait encouragé, autant qu’il avait pu, ses dispositions à engraisser : ses épaules étaient fortes, ses membres inférieurs épais, et légèrementarqués en dehors, son corps trapu,