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LES DERNIERS JOURS

ouverture fut oubliée… car une fanfare guerrière avait annoncé l’entrée des gladiateurs. Ils s’avancèrent dans l’arène en pompeux cortège. Ils firent lentement et avec fierté le tour de l’ovale, afin de procurer aux spectateurs le loisir d’admirer leur fermeté et de reconnaître leurs traits, leurs membres et leurs diverses armes, et pour leur donner le temps d’établir leurs paris selon l’inspiration du moment.

« Oh ! dit la veuve Fulvie à la femme de Pansa, pendant qu’elles s’inclinaient sur leurs bancs élevés, voyez-vous ce gigantesque gladiateur ? Comme il est bizarrement habillé !

— Oui, répondit la femme de l’édile avec une complaisant importance, car elle connaissait les noms et les qualités de chaque combattant : c’est un retiarius, un gladiateur au filet ; il n’est armé, comme vous le voyez, que d’une lance à trois pointes, une espèce de trident avec un filet ; pas d’armure, rien que le filet et la tunique. C’est un homme vigoureux ; il doit combattre contre Sporus, cet épais gladiateur qui porte un bouclier rond et une épée, mais qui est aussi sans armure. Il n’a pas son casque maintenant, afin que vous puissiez distinguer ses traits. N’a-t-il pas un air terrible ?… Il se battra tout à l’heure avec sa visière baissée.

— Mais un filet et une lance sont de faibles armes contre un bouclier et une épée.

— Ce que vous dites là montre votre innocence, ma chère Fulvie. Le retiarius est ordinairement le mieux partagé.

— Mais quel est ce beau gladiateur, presque nu ?… Cela n’est guère convenable… Par Vénus ! mais que ses membres sont bien faits !

— C’est Lydon, un débutant. Il a la témérité de combattre cet autre gladiateur, aussi peu vêtu que lui, Tétraidès. Ils combattront d’abord selon la mode grecque, avec le ceste, puis avec l’armure, l’épée et le bouclier.

— C’est un charmant garçon que ce Lydon, et les femmes feront à coup sûr des vœux pour lui.

— Les parieurs expérimentés ne pensent pas comme elles. Claudius offre à son désavantage trois contre un.

— Par Jupiter ! que c’est beau ! » s’écria la veuve, en admirant deux gladiateurs, armés de pied en cap, qui faisaient le tour de l’arène sur des coursiers légers et bondissants. Comme les combattants dans les tournois du moyen âge, ils portaient des lances et des boucliers ronds, ornés de belles incrustations. Leur armure était artistement faite de bandes de fer,