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DE POMPÉI

leurs places à part. Les sièges les plus bas et qui environnaient immédiatement l’arène étaient occupés par les personnes les plus riches et de la naissance la plus illustre, les magistrats, les sénateurs, et les membres du corps équestre[1]. Les passages qui, par des corridors à gauche et à droite, donnaient accès à ces sièges, aux deux extrémités de l’arène dessinée en ovale, étaientaussi l’entrée des combattants. De fortes palissades, le long de ces passages, empêchaient toute irrégularité excentrique dans les fantaisies des bêtes, et les forçaient de se contenter de la proie qui leur était assignée. Autour du parapet qui se dressait au-dessus de l’arène, à l’endroit où les gradins commençaient, on voyait des inscriptions et des scènes gladiatoriales peintes à fresque, d’accord avec le genre de divertissement du lieu. Dans tout l’édifice serpentaient d’invisibles conduits, au moyen desquels, à mesure que le jour avançait, des ondées rafraîchissantes et odoriférantes étaient lancées dans l’air pour retomber en pluie sur les spectateurs. Les employés de l’amphithéâtre s’occupaient encore à tendre les velaria, vastes rideaux qui recouvraient tous les assistants, et que les Campraniens regardaient comme une invention de leur génie. Cette tenture était forméede la plus finelained’Apulie, et ornée de larges raies cramoisies ; mais, soit que ce fût la faute des travailleurs, soit que les machines fussent en mauvais état, les toiles n’étaient pas arrangées ce jour-là aussi bien que d’habitude. Il est vrai qu’à cause de l’étendue de la circonférence, c’était toujours une tâche difficile ; de sorte qu’on n’essayait pas même d’y parvenir lorsqu’il faisait un grand vent. Mais ce jour-là le temps était si calme, que les spectateurs ne trouvaient pas d’excuse à la maladresse des employés, et lorsqu’ils virent une large ouverture, provenant d’une partie des velaria qui s’obstinait à ne pas se réunir à l’autre, ils exprimèrent hautement leurs murmures ; le mécontentement était général..

L’édile Pansa, qui donnait les jeux à ses frais, se montra particulièrement contrarié de cet accident ; il appela toutes les malédictions du ciel sur la tête du principal employé, qui, courant, soufflant, suant àgrosses gouttes, s’épuisait en ordres et en menaces parfaitement inutiles.

Le tumulte cessa tout à coup… les ouvriers abandonnèrent leur travail… la foule s’apaisa… la malencontreuse

  1. Les chevaliers étaient assis immédiatement après les sénateurs.