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LES DERNIERS JOURS

ils pas prouvé ? Arrière, doutes ! arrière, pitié ! Ne réfléchis, ô mon cœur, ne réfléchis dans l’avenir que deux images : un empire et Ione ! »


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CHAPITRE II.

L’amphithéâtre.


Nydia, rassurée par le récit de Sosie à son retour, et satisfaite que sa lettre eùt été remise dans les mains de Salluste, conçut encore une espérance. Salluste ne perdrait probablement pas de temps ; il courrait chez le préteur ; on visiterait la maison de l’Égyptien ; on la délivrerait ; on ouvrirait le cachot de Calénus ; Glaucus serait libre cette nuit-là… Hélas ! la nuit passa… l’aurore vint… elle n’entendit rien que les pas empressés des esclaves, le long de la salle et du péristyle, et le bruit des apprêts pour aller voir le spectacle dont ils s’entretenaient. De temps à autre la voix d’Arbacès donnant des ordres arrivait à son oreille… Une fanfare joyeuse se fit entendre… Le cortège se mettait en marche pour l’amphithéâtre ; tous étaient avides de repaître leurs yeux des dernières tortures de l’Athénien.

Le cortège d’Arbacès s’avança lentement et avec solennité, jusqu’à ce qu’il arrivât à l’endroit où il fallaitque ceux qui venaient sur un char ou en litière descendissent pour marcher à pied. Arbacès sortit de sa litière et se dirigea vers l’endroit réservé aux personnes de distinction. Ses esclaves, se mêlant avec le reste de la multitude, furent placés par des employés qui reçurent leurs billets (comme cela se pratique à notre moderne Opéra), dans la partie de l’amphithéâtre nommée le popularium, disposée pour le vulgaire. Arbacès de son siège dominait la foule impatiente qui remplissait cet énorme théâtre.

Les femmes étaient assises sur les gradins les plus hauts, et séparées des hommes ; leurs brillantes toilettes les faisaient ressembler à un parterre de fleurs. Il est superflu d’ajouter qu’elles formaient la partie la plus bruyante de l’assemblée. Beaucoup de regards se dirigeaient de leur côté, surtout des rangs des spectateurs jeunes et non mariés, qui avaient aussi