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LES DERNIERS JOURS

— Ce n’est pas la vie qui est douce, c’est la mort qui est terrible, » répliqua la sorcière d’un ton brusque et pénétrant qui impressionna vivement le cœur de l’orgueilleux astrologue ; il frémit de la vérité de cette réponse, et ne souhaitant pas retenir davantage son étrange visiteuse :

« Le temps passe, dit-il ; je dois me préparer pour le solennel spectacle de ce jour. Adieu, ma sœur ; amuse-toi tant que tu pourras avec les cendres de cette vie… »

La sorcière, qui avait déjà caché le précieux cadeau d’Arbacès dans les longs plis de ses vêtements, se leva pour partir. Lorsqu’elle eut atteint la porte elle se retourna et dit : « C’est peut-être le dernier instant que nous nous voyons sur la terre. Mais où s’en va la flamme lorsqu’elle quitte les cendres ? Errante de côté et d’autre, en haut, en bas, comme une exhalaison des marais, la flamme peut se retrouver sur les bords du lac inférieur : et la sorcière et le mage, le disciple et le maître, celui qui est grand, celui qui est maudit, se rencontreront de nouveau. Adieu donc !

— Hors d’ici, vieille corneille ! » murmura Arbacès pendant que la porte se refermait sur les haillons de la sorcière ; et dans l’impatience de ses pensées, sans être encore tout à fait remis des frayeurs de son rêve, il appela ses esclaves.

C’était la coutume d’assister aux solennités de l’amphithéâtre en habits de fête : Arbacès s’habilla ce jour-là avec plus de soin que d’habitude. Sa tunique était d’une éblouissante blancheur ; ses agrafes étaient composées des pierres les plus précieuses ; sur sa tunique flottait une large robe orientale, qui servait en même temps de manteau et qui brillait des plus riches nuances de la pourpre tyrienne ; ses sandales, montant jusqu’à mi-jambe, étaient garnies de diamants et incrustées d’or. Un charlatanisme digne d’un vrai prêtre d’Isis l’engageait à ne négliger ; dans aucune grande occasion, les artifices capables d’éblouir les yeux et d’imposer au vulgaire. Ce jour-là qui, par le sacrifice de Glaucus, devait le délivrer d’un rival et de la crainte d’être découvert, il lui sembla qu’il devait s’habiller pour un triomphe ou pour une fête nuptiale.

Les personnages d’un certain rang ne manquaient pas de se faire accompagner aux jeux de l’amphithéâtre par tout un cortége d’esclaves, d’affranchis, et la longue suite familiale d’Arbacès était déjà rangée en ordre autour de la litière.

Seulement, à leur grand chagrin, les esclaves chargés de