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LES DERNIERS JOURS

— À propos, dit Salluste, n’auriez-vous pas eu connaissance de la nouvelle ode de Spurœna, en l’honneur de notre Isis égyptienne ? C’est magnifique. Quel véritable enthousiasme religieux !

— Isis me semble une divinité favorite de Pompéi, dit Glaucus.

— Oui, répondit Pansa, elle est fort en vogue dans ce moment. Sa statue a rendu les oracles les plus extraordinaires. Je ne suis pas superstitieux, mais je dois avouer qu’elle m’a souvent assisté de ses bons conseils dans ma magistrature. Joignez à cela que ses prêtres ont beaucoup de piété ; ni trop gais ni trop fiers, comme les prêtres de Jupiter et de la Fortune, ils marchent nu-pieds, ne se nourrissent point de viande, et passent la plus grande partie de la nuit en dévotions solitaires.

— Bon exemple pour nos autres prêtres, en effet… Le temple de Jupiter réclame de grandes réformes, dit Lépidus, qui demandait à réformer tout le monde excepté lui.

— On dit qu’Arbacès l’Égyptien a révélé d’importants mystères aux prêtres d’Isis, observa Salluste ; il se vante de descendre de la race de Ramsès, et proclame que sa famille est en possession de secrets qui remontent à la plus haute antiquité.

— Il a certainement le don du mauvais œil, dit Claudius. Quand il m’arrive de rencontrer cette face de Méduse avant d’avoir fait le signe préservateur, je suis sûr de perdre un cheval favori, ou de faire tourner le chien neuf fois de suite[1].

— Ce serait là vraiment un miracle, dit Salluste avec gravité.

— Qu’entendez-vous par là ? reprit le joueur, dont la figure se colora vivement.

— J’entends que vous ne me laisseriez pas grand’chose, si je jouais souvent avec vous. »

Claudius ne lui répondit que par un sourire de dédain.

« Si Arbacès n’était pas si riche, poursuivit Pansa d’un air important, je ferais agir un peu mon autorité, et je dirigerais des informations à l’effet de savoir s’il y a quelque réalité dans le bruit qui le fait passer pour astrologue et magicien. Agrippa, pendant son édilité à Rome, a banni tous les citoyens dangereux ; mais un homme riche !. C’est le devoir d’un édile de protéger les riches.

  1. Le coup le moins avantageux au jeu de dés, canes.