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LIVRE V.

CHAPITRE PREMIER.

Le songe d’Arbacès. — Une visite et un avertissement pour l’Égyptien.

La nuit redoutable qui précédait les jeux féroces de l’amphithéâtre s’écoula lentement, et l’on vit luire enfin le premier rayon du Dernier jour de Pompéi. L’air était prodigieusement calme et pesant ; un brouillard transparent et lourd s’étendait sur les vallées et dans les ravins des vastes champs de la Campanie. Le pêcheur matinal remarqua avec surprise qu’en dépit de l’excessive tranquillité de l’atmosphère, les vagues de la mer étaient agitées, et qu’elles paraissaient s’éloigner du rivage d’une façon désordonnée ; tandis que le bleu et majestueux Sarnus, dont le voyageur cherche en vain à découvrir maintenant l’ancien lit large et profond, faisait entendre un sourd et triste murmure en baignant les plaines riantes et les belles maisons de plaisance des citoyens opulents. Au-dessus du brouillard descendu très-bas, on voyait s’élever les tours de la ville antique, usées par le temps, les toits en tuiles rouges des rues, les colonnes solennelles de plusieurs temples, les portes couronnées de statues du Forum, et l’arc de triomphe. Dans le lointain, les contours des montagnes se dégageaient des vapeurs qui les entouraient, et se mêlaient aux changeantes couleurs que les cieux revêtent le matin. Le nuage qui s’était si longtemps appesanti sur la crête du Vésuve se dissipa soudain, et le sommet élevé et nu du mont sourcilleux sembla sourire aux belles campagnes qu’il dominait.

Les portes de la cité avaient été ouvertes de très-bonne