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LES DERNIERS JOURS

À qui le brave et le renie,
À qui l’insulte dans ses chants !
Malheur, malheur à vous, méchants !


Le silence succéda soudain dans la salle du festin à ces prophétiques paroles ; les chrétiens versèrent des pleurs et disparurent bientôt à la vue du gladiateur effrayé, sans trop savoir pourquoi, par leurs mystiques menaces ; Lydon, après une courte pause, se leva pour retourner chez lui.

Comme cette belle cité dormait tranquillement devant ses pas, sous la nuit étoilée ! comme les colonnades de ses rues reposaient en pleine sécurité ! comme les vagues de la mer venaient la baigner doucement ! comme les cieux sans nuages de la Campanie étendaient avec complaisance leur azur foncé !… Cependant c’était la dernière nuit de cette joyeuse ville de Pompéi, de cette colonie du Chaldéen à cheveux blancs ! de cette cité fabuleuse d’Hercule ! de ces débris des voluptueux Romains ! Les siècles avaient roulé sur sa tête sans y toucher, sans lui ôter une grâce, et maintenant le dernier rayon avait lui sur le cadran de sa destinée. Le gladiateur entendit quelques pas derrière lui ; un groupe de femmes s’en revenait de la visite à l’amphithéâtre ; comme il se retournait, son œil s’arrêta sur une étrange et soudaine apparition. Du sommet du Vésuve, à peine visible à cette distance, s’élevait une lumière pâle, météorique, livide… elle trembla un instant dans l’air et s’évanouit. Au moment même où cette lueur avait frappé ses yeux, la voix d’une des plus jeunes femmes fit entendre gaiement ce populaire refrain :


      Gai, gai, pas de chagrin,
Quel beau spectacle demain !