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LES DERNIERS JOURS

— Lydon, mes souhaits pour toi ! murmura une quatrième personne (une femme agréable de la moyenne classe) ; et si tu triomphes, tu entendras parler de moi.

— Voilà un bel homme, par Vénus ! s’écria une cinquième, une jeune fille qui sortait à peine de l’enfance.

— Merci, » répondit Sosie, qui prit le compliment pour lui.

Quelque purs que fussent les motifs de Lydon, et quoiqu’il fût certain que jamais il n’aurait embrassé cette sanglante profession sans l’espoir d’obtenir la liberté de son père, il ne laissait pas que d’être flatté de l’effet qu’il produisait : il oubliait que ces voix, qui lui adressaient des vœux en ce moment, s’élèveraient peut-être le lendemain pour réclamer sa mort. Fier et hardi de sa nature, aussi bien que généreux et plein de cœur, il était déjà pénétré de l’orgueil de ce métier qu’il croyait dédaigner ; il avait subi l’influence de son habituelle société tout en la méprisant ; il se voyait un homme d’importance ; son pas en était plus léger, son maintien plus assuré.

« Niger, dit-il en se retournant tout à coup, après avoir traversé la foule, nous nous sommes souvent querellés ; nous ne combattrons pas l’un contre l’autre ; mais, selon toute apparence, l’un de nous deux succombera ; donne-moi ta main.

— Bien volontiers, dit Sosie en tendant la sienne.

— Ah ! quel est cet imbécile ? Je croyais que c’était Niger qui me suivait.

— Je pardonne ta méprise, dit Sosie d’un ton protecteur, n’en parlons plus ; l’erreur est naturelle : Niger et moi nous sommes à peu près bâtis de la même façon.

— Ha ! ha ! c’est excellent. Niger t’aurait étranglé, s’il t’avait entendu.

— Vous autres, messieurs de l’arène, vous avez une manière de parler très-désagréable, dit Sosie. Changeons de conversation.

— C’est bon, c’est bon, dit Lydon, je ne suis pas en humeur de causer avec toi.

— Vraiment ! répondit l’esclave ; vous avez de quoi penser, sans aucun doute. Demain, c’est votre début dans l’arène. Je suis sûr que vous mourrez bravement.

— Que tes paroles retombent sur ta tête ! dit Lydon, qui était superstitieux, car la bénédiction de Sosie ne lui convenait nullement. Mourir, non ; je ne pense pas que mon heure soit encore venue.

— Celui qui joue aux dés avec la mort doit s’attendre au