Page:Lytton - Les derniers jours de Pompéi, 1859.djvu/367

Cette page n’a pas encore été corrigée
355
DE POMPÉI

ajouta, à la gauche de Sosie, un personnage moins fort en apparence, et dont les bras étaient croisés sur sa poitrine.

L’esclave les regarda l’un après l’autre, et se dit à lui-même : Virtus in medio. Un joli voisinage pour toi, Sosie ! te voilà entre deux gladiateurs.

« Tu as raison, Lydon, reprit le plus grand des gladiateurs ; j’éprouve la même honte.

— Et penser, observa Lydon avec un ton de compassion, penser que ce noble Grec, que nous avons vu, il y a un jour ou deux, si plein de jeunesse, de santé, de bonheur, sera la proie de ce monstre !

— Pourquoi pas ? reprit Niger d’un ton sauvage ; plus d’un honnête gladiateur a été forcé à un pareil combat par l’empereur : pourquoi la loi n’y condamnerait-elle pas un meurtrier ? »

Lydon soupira, haussa les épaules et garda le silence.Pendant ce temps-là, bon nombre de spectateurs écoutaient leur conversation, les yeux fixes, la bouche béante. Les gladiateurs étaient des objets de curiosité aussi bien que les bêtes : n’étaient-ce pas des animaux de la même espèce ? Aussi la foule portait tour à tour ses regards des hommes aux bêtes, des bêtes aux hommes, en murmurant ses commentaires, et en savourant par anticipation ses plaisirs du lendemain.

« Eh bien, dit Lydon en se détournant, je remercie les dieux de n’avoir pas à combattre le lion ou le tigre ; j’aimerais mieux, en vérité, combattre avec toi, Niger.

— Je suis aussi dangereux qu’eux, répondit l’autre avec un rire féroce ; et les assistants, qui admiraient ses membres vigoureux et son air sauvage, se mirent à rire aussi.

— Cela peut être, répondit Lydon avec insouciance en se frayant un chemin au milieu de la foule, et en s’éloignant de la cellule.

— Je ne ferais pas mal de profiter de ses épaules, se dit Sosie en se hâtant de le suivre ; la foule livre toujours passage aux gladiateurs, et, en me tenant très-près derrière celui-là, j’aurai plus de facilité à me tirer de là. »

Le fils de Médon passa légèrement à travers la foule ; beaucoup de personnes connaissaient son nom et sa profession.

« C’est le jeune Lydon, un bon gladiateur ; il combat demain, dit quelqu’un.

— Et j’ai parié pour lui, répondit un autre ; regardez comme il marche d’un pas ferme.

— Bonne chance, Lydon ! dit un troisième.