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DE POMPÉI

Elle attendit donc ardemment le retour de Sosie ; mais, comme les heures s’écoulaient, et qu’il ne revenait pas, son impatience fut bientôt au comble. La fièvre agitait chacun de ses nerfs ; elle ne pouvait supporter la solitude plus longtemps. Elle gémit ; elle cria ; elle se frappa contre la porte. Ses cris retentirent dans la salle, et Sosie, plein d’humeur, se hâta de venir voir ce qui se passait, afin de la faire taire, s’il était possible.

« Oh ! oh ! qu’est-ce que cela ? dit-il avec aigreur. Jeune esclave, si tu continues à crier ainsi, nous te bâillonnerons de nouveau. Mes épaules courraient des risques, si mon maître venait à t’entendre.

— Bon Sosie, ne me gronde pas ; je ne puis demeurer seule plus longtemps ; la solitude m’effraye : viens t’asseoir près de moi quelques instants ; n’aie pas peur que je cherche à m’échapper. Place ton siège contre la porte. Surveille-moi avec attention. Je n’ai pas l’intention de bouger. »

Sosie, qui était considérablement bavard, fut ému de cette requête. Il eut pitié d’une créature qui n’avait personne avec qui causer. C’était aussi le cas où il se trouvait. Il eut donc pitié d’elle, et se décida à se faire plaisir à lui-même. Il profita de l’observation de Nydia, plaça son siège devant la porte, près de laquelle il s’appuya le dos, et répondit :

« Je ne suis pas assez sauvage pour te refuser cela… Je n’ai aucune objection à faire contre une innocente conversation, pourvu que cela n’aille pas plus loin… Mais ne me joue plus de tours, en voilà assez.

— Non, non ; dis-moi, Sosie, quelle heure est-il ?

— Le soir s’approche… les troupeaux rentrent à la maison.

— Ô dieux ! Et quelles nouvelles du procès ?

— Tous les deux condamnés. »

Nydia réprima un cri.

« C’est bien : je pensais qu’il en serait ainsi. À quand l’exécution ?

— Demain, aux jeux de l’amphithéâtre ; sans toi, petite malheureuse, c’est un plaisir que je pourrais me donner comme les autres. »

Nydia s’affaissa un moment sur elle-même ; la nature cédait malgré son courage ; mais Sosie ne s’aperçut pas de sa défaillance, car il faisait presque nuit et il songeait trop à ses ennuis personnels. Il se lamentait de la privation d’un si délicieux spectacle, et accusait d’injustice Arbacès, qui l’avait