Page:Lytton - Les derniers jours de Pompéi, 1859.djvu/356

Cette page n’a pas encore été corrigée
344
LES DERNIERS JOURS

— Hélas ! répondit Olynthus, c’est toi qui es le véritable athée, car tu nies le seul vrai Dieu… ce grand inconnu auquel tes pères les Athéniens avaient érigé un autel. C’estdans cette heure solennelle que je reconnais mon Dieu : il est avec moi dans mon cachot. Un sourire pénètre mes ténèbres ; à la veille de la mort, mon cœur palpite d’immortalité, et la terre ne s’éloigne de moi que pour rapprocher du ciel mon âme fatiguée.

— Réponds-moi, dit Glaucus brusquement : le nom d’Apœcides n’a-t-il pas été mêlé au tien pendant le cours du procès ? Me crois-tu coupable ?

— Dieu seul lit dans les cœurs. Mais mon soupçon ne s’arrête pas sur toi.

— Sur qui, alors ?

— Sur ton accusateur, Arbacès.

— Ah ! tu me rends heureux ! Et pourquoi penses-tu ainsi ?

— Parce que je connais le cœur de ce méchant homme, et qu’il avait des motifs de craindre celui qui est mort. »

Olynthus informa alors Glaucus des détails que le lecteur connaît déjà, de la conversion d’Apœcides, de leur projet de mettre au jour les impostures des prêtres égyptiens, et des séductions pratiquées par Arbacès sur la faiblesse du jeune prosélyte.

« C’est pourquoi, continua Olynthus, si Apœcides a rencontré Arbacès, s’il lui a reproché ses trahisons, s’il l’a menacé de les rendre publiques, la place, l’heure, ont paru propices à la vengeance de l’Égyptien ; la colère et laruse auront guidé le coup.

— Les choses ont dû se passer ainsi ! s’écria Glaucus avec joie. Je suis heureux.

— Cependant, ô infortuné ! à quoi te sert maintenant cette découverte ? Tu es condamné ; ton sort est décidé ; tu périras dans ton innocence.

— Je saurai du moins que je ne suis pas coupable ; dans ma mystérieuse démence, il me venait des doutes passagers, mais terribles. Mais dis-moi, homme d’une croyance étrangère, penses-tu que, pour de légères erreurs ou pour les fautes de nos ancêtres, nous soyons abandonnés à jamais et maudits par les puissances supérieures, quel que soit le nom qu’on leur donne ?

— Dieu est juste et n’abandonne pas ses créatures à cause de leur fragilité. Dieu est miséricordieux, et il ne maudit que le méchant qui ne se repent pas.