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DE POMPÉI

ajouta Glaucus ; froideur d’un moment qui ne fait que nous enflammer davantage.

— Quand aurons-nous le prochain combat des bêtes féroces ? demanda Claudius à Pansa.

— Vers le huit des ides d’août, répondit Pansa, le lendemain des fêtes de Vulcain. Nous réservons un jeune lion, charmante bête, pour cette occasion.

— Qui lui donnera-t-on à dévorer ? continua Claudius ; hélas ! il y a une bien grande disette de criminels. Il vous faudra positivement condamner un innocent au lion, mon pauvre Pansa.

— J’y pense en effet depuis quelque temps, répondit sérieusement l’édile. C’est une infâme loi que celle qui nous défend de livrer nos propres esclaves aux bêtes. N’avons-nous pas le droit de faire ce que nous voulons de nos biens ? c’est ce que j’appelle une véritable atteinte à la propriété.

— Il n’en était pas ainsi dans le bon vieux temps de la république, ajouta Salluste en soupirant.

— Et même cette prétendue générosité envers les esclaves est une privation pour le pauvre peuple. Comme il aime à voir une belle rencontre entre un homme et un lion ! Cet innocent plaisir (si les dieux ne nous envoient bientôt quelque bon criminel) sera perdu pour le peuple, grâce à cette fatale loi.

— Quelle mauvaise politique, dit Claudius d’une façon sentencieuse, que de contrecarrer les amusements virils du peuple !

— Remercions Jupiter et le destin, s’écria Salluste, de ne plus avoir Néron.

— C’était un tyran, en effet ; il a tenu notre théâtre fermé pendant dix ans.

— Je m’étonne qu’il n’y ait pas eu de révolte, dit Salluste.

— Il s’en est fallu de peu,» répliqua Pansa la bouche pleine d’un morceau de sanglier.

La conversation fut interrompue en ce moment par un concert de flùtes, et deux esclaves entrèrent en portant un plat.

« Quels mets délicats nous gardez-vous là, mon cher Glaucus ? » s’écria le jeune Salluste avec des yeux de convoitise.

Salluste n’avait que vingt-quatre ans, et il ne connaissait rien de plus agréable dans la vie que de manger… peut-être avait-il déjà épuisé tous les autres plaisirs… Cependant il avait du talent et un excellent cœur, autant que faire se pouvait.