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LES DERNIERS JOURS

travers la porte massive. Enfin, trouvant la serrure, elle y appliqua ses lèvres, et le prisonnier entendit distinctement une douce voix prononcer son nom.

Son sang se glaça ; ses cheveux se dressèrent sur sa tête : quel être mystérieux et surnaturel avait pu pénétrer dans cette redoutable solitude ?

« Qui est là, cria-t-il avec une nouvelle alarme ? quel spectre, quelle larve appelle déjà le malheureux Calénus ?

— Prêtre, dit la Thessalienne, à l’insu d’Arbacès, j’ai été, par la permission des dieux, témoin de sa perfidie. Si je puis échapper moi-même de ses mains, je te sauverai. Mais que ta voix passe à travers cette étroite ouverture et réponde à mes questions.

— Ah ! esprit du ciel, dit le prêtre avec joie, en obéissant aux injonctions de Nydia, sauve-moi, et je vendrai les coupes mêmes de l’autel pour récompenser ta bonté.

— Je n’ai pas besoin d’or, je n’ai besoin que de ton secret. Ai-je bien entendu ? peux-tu sauver l’Athénien Glaucus de l’accusation qui menace ses jours ?

— Je le puis, je le puis… c’est pour cela (puissent les furies poursuivre l’infâme Égyptien !), c’est pour cela qu’il m’a enfermé ici, dans l’intention de m’y faire mourir de faim et de m’y laisser pourrir.

— On accuse l’Athénien de meurtre ! peux-tu repousser l’accusation ?

— Que je sois libre, et il n’y aura pas de tête à Pompéi mieux gardée que la sienne ; j’ai vu le meurtre ; j’ai vu Arbacès porter le coup ; je puis convaincre le véritable meurtrier, et faire acquitter l’innocent. Mais si je péris, il périt aussi. Si tu t’intéresses à ce jeune homme, ô douce étrangère, mon cœur est l’urne où repose sa vie ou sa mort.

— Et tu donneras tous les détails qui sont à ta connaissance ?

— Oh ! quand les enfers seraient à mes pieds, oui… vengeance contre le perfide Égyptien ! vengeance, vengeance… vengeance !… »

À la manière dont Calénus répétait ces mots en grinçant des dents, Nydia comprit qu’elle pouvait compter sur sa haine contre Arbacès pour sauver l’Athénien ; son cœur palpitait. Serait-elle donc assez heureuse pour sauver celui qu’elle adorait, qui était son idole.

« C’est assez, dit-elle ; les dieux qui m’ont conduite ici ne