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DE POMPÉI

rière qui le retenait, arrivaient encore faiblement à l’oreille de l’Égyptien. Il s’arrêta pour y prêter l’oreille.

« Ce qu’il y a de malheureux, pensa-t —il, c’est que je ne puis maintenant m’éloigner de Pompéi avant que cette voix se soit tue pour toujours. Mes richesses, mes trésors, ne se trouvent pas, il est vrai, dans cette aile, mais dans l’autre. Mes esclaves, en les transportant, peuvent entendre la voix de cet homme. Mais il n’y a pas de danger ! dans trois jours, s’il survit encore, par la barbe de mon père ! ses accents seront bien faibles… ils ne perceront pas même à travers son tombeau. Par Isis, il fait froid, j’ai besoin de boire une coupe de falerne épicé ! »

Et l’Égyptien sans remords, resserrant sa robe autour de lui, se hâta d’aller respirer l’air supérieur.


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CHAPITRE XIV.

Nydia et Calénus.


Quelles paroles de terreur, mais aussi d’espérance, avaient frappé l’oreille de Nydia ! Le lendemain, Glaucus devait être condamné ; mais il existait encore un homme qui pouvait le sauver et mettre Arbacès à sa place, et cet homme respirait à quelques pas du lieu où elle était cachée. Elle entendait ses cris et ses plaintes, ses imprécations et ses prières, quoique, à la vérité, ils ne lui arrivassent pas d’une façon bien distincte. Il était captif, mais elle connaissait le mystère de la prison ; si elle pouvait s’échapper, si elle pouvait aller trouver le préteur, on pourrait le rendre à la liberté et sauver l’Athénien. Ses émotions l’empêchaient presque de respirer, sa tête brûlait ; elle se sentait défaillir, mais un violent effort la rendit maîtresse d’elle-même ; et, après avoir écouté le bruit des pas d’Arbacès jusqu’à ce qu’elle fût bien convaincue qu’il avait laissé ces lieux à leur solitude et qu’elle y était seule, elle se traîna, en suivant le son de la voix de Calénus, jusqu’à la porte du caveau où il était renfermé. Là, elle put saisir ses accents de terreur et de désespoir. Trois fois elle essaya de parler, et trois fois sa voix manqua de force pour pénétrer à