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LES DERNIERS JOURS

sa ceinture un petit anneau qui retenait trois ou quatre clefs courtes, mais solides. Le cœur de l’avide Calénus battit avec violence, lorsqu’il entendit la serrure rouillée crier, comme. si elle ne livrait qu’à regret la vue des trésors confiés à sa garde.

« Entre, mon ami, dit Arbacès, pendant que j’élève la lampe, afin que tu puisses contempler à ton aise tous ces monts d’or.

» L’impatient Calénus ne se fit pas prier deux fois. Il s’avança dans l’ouverture.

À peine avait-il passé le seuil que la forte main d’Arbacès le poussa en avant.

« Le mot ne sera jamais dit, » s’écria l’Égyptien avec un long éclat de rire, et il referma la porte sur le prêtre.

Calénus avait été précipité de plusieurs marches ; mais au premier moment, il ne sentit pas la douleur de sa chute ; il s’élança vers la porte, et la frappant violemment avec ses poings fermés, il s’écria d’une voix plus semblable au hurlement d’une bête fauve qu’à une voix humaine, tant son désespoir était profond :

« Oh ! délivrez-moi, Arbacès, délivrez-moi, et gardez votre or. »

Ces paroles ne pénétrèrent qu’imparfaitement au travers de la porte massive, et Arbacès poussa un nouvel éclat de rire ; frappant ensuite du pied avec force, et laissant éclater enfin sa colère longtemps contenue, il reprit :

« Tout l’or de la Dalmatie ne te procurera pas une croûte de pain : meurs de faim, misérable, tes derniers soupirs ne réveilleront pas même l’écho de ces vastes salles ; l’air ne révélera jamais que l’homme qui a menacé et qui pouvait perdre Arbacès est mort de faim, rongeant, dans son désespoir, la propre chair de ses os. Adieu !

— Oh ! pitié ! pitié, odieux scélérat… est-ce pour cela… » Le reste de cette imprécation n’arriva pas à l’oreille d’Arbacès, qui s’en retournait à travers la sombre salle. Un crapaud, gros et gonflé de venin, se trouva sur ses pas ; les rayons de la lampe tombèrent sur le hideux animal et sur l’œil rouge qu’il tournait en l’air. Arbacès se détourna, afin de ne pas le blesser.

« Tu es dégoûtant et venimeux, murmura-t-il, mais tu ne peux me faire de mal : tu n’as donc rien à craindre de moi.  »

Les cris de Calénus, quoique affaiblis et étouffés par la bar-