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LES DERNIERS JOURS

Les secrets du sombre avenir ;
Fils de lavoûte aérienne,
Réponds à la Thessalienne !
Oh ! viens, viens,
Je t’appartiens !

Viens, ô viens, aucun dieu du ciel ni de la terre,
Ne sera plus béni, plus honoré que toi ;
Ni Vénus, ni le Dieu brillant de la lumière,
Ni Diane, à la triple loi,
Ni le grand Jupiter lui-même,
Maître des dieux, le roi suprême !…
Oh ! viens, viens,
Je t’appartiens !


« Le spectre ne tardera pas à venir, dit Sosie ; je le sens déjà dans mes cheveux.

— Place ta coupe d’eau à terre. Donne-moi maintenant la serviette, pour que j’enveloppe ta figure et tes yeux.

— Oh ! c’est toujours ainsi dansles enchantements ! Ne serre pas si fort… Eh ! plus doucement, s’il te plaît.

— C’est fait. Peux-tu voir ?

— Voir ? Par Jupiter, non ; tout est obscurité.

— Adresse à présent au spectre les questions que tu veux lui faire, à voix basse, et trois fois de suite. S’il répond affirmativement à tes questions, tu entendras l’eau bouillonner sous le souffle du démon ; si ta demande ne doit pas être accomplie, l’eau restera silencieuse.

— Mais tu ne remueras pas l’eau toi-même, eh ! eh !…

— Je vais placer la coupe à tes pieds ; ainsi tu pourras être sûr que je ne la touche pas à ton insu.

— Très-bien. Maintenant, ô Bacchus, sois-moi propice. Tu sais que je t’ai toujours donné la préférence sur les autres dieux, et, si tu consens à me protéger contre ce démon aquatique, je te consacrerai la coupe d’argent que j’ai dérobée l’année dernière au gros maître d’hôtel. Et toi, Esprit, écoutemoi. Pourrai-je acheter ma liberté l’an prochain ? Tu le sais: car, puisque tu vis dans l’air, les oiseaux t’ont sans doute appris les secrets de la maison ; tu sais que j’ai dérobé tout ce que j’ai pu honnêtement, c’est-à-dire sûrement, dérober depuis trois ans ; cependant il me manque encore deux mille sesterces pour compléter la somme. Me sera-t-il permis, ô bon esprit ! de combler ce déficit dans le cours de l’année ? Parle ! Ah ! l’eau bouillonne; non, tout est calme comme la tombe… Eh