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DE POMPÉI

— Oui, et j’ai placé auprès des noix, des pommes, et une petite table.

— C’est parfait. Et la porte est ouverte actuellement, de manière que le démon puisse passer librement ?

— Oui, certes.

— Maintenant, ouvre aussi la porte de cette chambre à moitié, et donne-moi la lampe.

— Comment ! est-ce que tu as l’intention de l’éteindre ?

— Non ; mais il faut que je prononce mon charme au-dessus de la flamme… Il y a un esprit dans le feu. Assieds-toi. »

L’esclave obéit ; et Nydia, après s’être penchée quelques instants sur la lampe, se leva et chanta à voix basse l’improvisation suivante, sans rhythme régulier :


INVOCATION AU SPECTRE DE L’AIR.

L’air, le feu, nous connaissent bien,
Nous, les filles de Thessalie,
Qui, sur le mont Olympien,
Attirons la lune pâlie !
À nous tous les secrets des fleurs,
Des oiseaux à nous le langage ;
A nous les changeantes couleurs
Du ciel où va gronder l’orage !
L’Egypte et la Perse n’ont pas
De charmes plus forts que les nôtres.
Le démon nous parle tout bas,
Il nous aime au-dessus des autres.

Spectre de l’air, écoute-moi,
C’est Nydia qui t’en convie ;
L’art d’Érichto, dans qui j’ai foi,
Aux morts savait rendre la vie.
Le roi d’Ithaque, sage roi,
Faisait parler la voix des ondes ;
Orphée, affrontant tout effroi,
Descendait aux rives profondes ;
Sa lyre, aux magiques accords,
Entraînait sa chère Eurydice ;
Et Médée, aux Colchiques bords,
Préservait Jason du supplice ;
Par leurs charmes, et par les miens,
Spectre de l’air, viens à moi, viens,
Caresse cette coupe humide,
Qui s’agite et te sent venir.
Viens, révèle à l’âme timide