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LES DERNIERS JOURS

vous pouvez aisément distraire de cet amas de quoi rendre Calénus le plus opulent des prêtres de Pompéi, sans vous apercevoir même de votre sacrifice.

— Venez donc, Calénus, reprit Arbacès d’un air franc et généreux. Vous êtes un ancien ami : vous avez été un fidèle serviteur ; vous ne pouvez avoir le désir de m’ôter la vie, ni moi celui de vous marchander la récompense qui vous est due ; votre vue sera réjouie de l’aspect de cet or infini et de l’éclat de ces bijoux, et vous emporterez, cette nuit même, comme marque de ma gratitude, tout ce que vous pourrez cacher sous votre robe. Quand vous aurez contemplé tout ce que votre ami possède, vous comprendrez que ce serait folie de faire injure à un homme qui peut tant donner. Après l’exécution de Glaucus, je vous conduirai une autre fois encore à mon trésor. Est-ce parler franchement et-en ami ?

— Ô le plus grand, le meilleur des hommes 1 s’écria Calénus, pleurant presque de joie, pourrez-vous oublier jamais les soupçons que j’avais formés sur votre justice, votre générosité ?

— Silence ; un tour encore, et nous voilà descendus sous les voûtes. »


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CHAPITRE XIII.

L’esclave consulte l’oracle. — Un aveugle peut tromper ceux qui s’aveuglent eux-mêmes. — Deux nouveaux prisonniers faits dans la même nuit.


Nydia attendait avec impatience l’arrivée de Sosie, non moins impatient qu’elle. Après avoir fortifié son courage par d’abondantes libations d’un meilleur vin que celui qu’il avait offert au démon, le crédule esclave entra dans la chambre de la jeune aveugle.

« Eh bien, Sosie ; es-tu préparé ? as-tu apporté le vase d’eau pure ?

— Assurément, mais je tremble un peu. Tu es bien sûre que je ne verrai pas le démon ? J’ai toujours entendu dire que ces personnages-là n’étaient ni très-beaux ni très-polis.

— Ne crains rien. As-tu laissé la porte du jardin entr’ouverte ?