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LES DERNIERS JOURS

— Expliquez-vous, dit Arbacès froidement ; car il s’était préparé à la déclaration qu’il redoutait.

— Arbacès, répondit Calénus d’une voix à peine distincte, j’étais dans le bosquet sacré, caché par la chapelle et par le feuillage des arbres ; j’ai vu, j’ai entendu tout ce qui s’est passé ! Je ne blâme point l’action ; elle a détruit un ennemi, un apostat…

— Vous savez tout ? reprit Arbacès sans s’émouvoir ; je le pensais ; vous étiez seul ?

— Seul, répliqua Calénus, surpris de la tranquillité de l’Égyptien.

— Et pourquoi vous étiez-vous caché derrière la chapelle à cette heure ?

— Parce que j’avais appris la conversion d’Apœcides à la foi chrétienne… parce que je savais qu’il devait rencontrer dans ce lieu le farouche Olynthus… parce qu’ils se proposaient de discuter ensemble les moyens de dévoiler au peuple les mystères sacrés de notre déesse, et que j’avais intérêt à découvrir leurs projets afin de les combattre.

— Avez-vous dit à quelque oreille vivante ce que vous avez vu ?

— Non, mon maître ; le secret est resté dans le sein de votre serviteur.

— Quoi ! le cousin Burbo ne s’en doute même pas ? Est-ce la vérité ?

— Par les dieux !

— Paix ! nous nous connaissons. À quoi bon parler des dieux entre nous ?

— Par la crainte de votre vengeance, alors !

— Et pourquoi m’avoir jusqu’à ce moment caché ce secret ? Pourquoi avoir attendu la veille de la condamnation de l’Athénien pour oser me dire qu’Arbacès est un meurtrier ? Enfin, après avoir tardé si longtemps, pourquoi me faire à présent cette révélation ?

— Parce que, parce que… murmura Calénus, le visage rouge de confusion.

— Parce que, interrompit Arbacès en souriant et en donnant un petit coup sur l’épaule du prêtre d’une façon amicale, parce que, Calénus (vous allez voir comme je sais lire dans votre cœur et en expliquer les pensées), parce que vous vouliez me laisser engager dans le procès de manière que je ne pusse revenir sur mes pas ; vous vouliez que j’eusse donné