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LES DERNIERS JOURS

— Et le procès ? dit-elle.

— Ah ! les avocats parlent toujours… Ils parlent, ils parlent… Cela ne finira que demain matin.

— Demain matin… En es-tu sûr ?

— On me l’a dit.

— Et Ione ?

— Par Bacchus ! elle doit être assez bien, car elle a été assez forte pour faire enrager mon maître, qui en frappait du pied et se mordait les lèvres. Je l’ai vue quitter son appartement avec un front sombre comme un ouragan.

— Loge-t-elle près d’ici ?

— Non… elle loge dans les appartements supérieurs. Mais je ne dois pas rester à bavarder ici plus longtemps. Vale. »


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CHAPITRE XII.

Une guêpe s’aventure dans la toile de l’araignée.


La seconde nuit du procès avait commencé, et c’était justement l’heure où Sosie s’apprêtait à braver le grand inconnu, lorsque, par cette même porte du jardin que l’esclave avait laissée entr’ouverte, pénétra, non pas un des mystérieux esprits de la terre ou de l’air, mais le pesant et grossier Calénus, le prêtre d’Isis. Il fit à peine attention à l’humble offrande de fruits médiocres et de vin plus médiocre encore, que le pieux Sosie avait jugée suffisante pour l’invisible étranger qu’il s’agissait d’attirer.

« C’est sans doute, se dit Calénus, quelque tribut offert au dieu des jardins. Par la tête de mon père ! si cette divinité n’a jamais été mieux servie, elle ferait bien de renoncer à sa céleste profession. Oh ! si nous n’étions pas là, nous autres prêtres, les dieux ne seraient pas tous bien traités. Cherchons toujours Arbacès. Je sais que je marche sur un abîme ; mais il peut se changer en mine d’or. Je tiens la vie de l’Égyptien en mon pouvoir ; que m’en donnera-t —il ? »

En faisant ce monologue, il traversait la cour et entrait dans le péristyle, où quelques lampes disputaient çà et là l’empire de la nuit aux étoiles. Il se trouva en présence