Page:Lytton - Les derniers jours de Pompéi, 1859.djvu/33

Cette page n’a pas encore été corrigée
21
DE POMPÉI

chambresà coucher ; à droite, le triclinium, où les convives et amis se trouvaient en ce moment rassemblés.

Cette chambre est ordinairement appelée par les antiquaires de Naples « la chambre de Léda, » et le lecteur trouvera dans le magnifique ouvrage de sir William Gell une gravure de la délicate et gracieuse peinture de Léda présentant son nouveauné à son époux, tableau d’où la chambre a tiré son nom. Ce délicieux appartement donnait sur le jardin embaumé. Autour d’une table en bois de citronnier[1] polie avec soin et artistement décorée d’arabesques d’argent, étaient placés les trois lits, plus communs à Pompéi que le siège demi-circulaire devenu de mode à Rome depuis quelque temps ; sur les lits de bronze incrustés des plus riches métaux, s’étendaient d’épais coussins, couverts de broderies d’un grand travail, et qui cédaient voluptueusementà la pression.

« J’avouerai, dit l’édile Pansa, que votre maison, quoiqu’elle ne soit pas beaucoup plus large qu’un étui d’agrafe, est un joyau véritable. Que cette séparation d’Achille et de Briséis est admirablement peinte !… quel style… quelle expression dans les têtes ! quel… ah !…

— L’éloge de Pansa a du prix sur un pareil sujet, dit Claudius gravement. Ses murs aussi sont couverts de peintures, et l’on dirait que Zeuxis les a faites de sa main.

— Vous me flattez, cher Claudius, oui, vous me flattez, reprit l’édile, dont la maison était connue justement à Pompéi par ses méchantes peintures ; car il était patriote, et il n’employait que des Pompéiens. Vous me flattez, mais il y a quelque chose de joli, oui, certes, dans les couleurs, pour ne rien dire du dessin. et puis la cuisine, mes amis. là, tout est invention de ma part.

— Quel en est le dessin ? demanda Glaucus ; je n’ai pas encore vu votre cuisine, quoique j’aie pu apprécier l’excellence de la chère qu’on y prépare.

— Le dessin, mon cher Athénien, représente un cuisinier déposant les trophées de son art sur l’autel de Vesta, plus une superbe murène, peinte d’après nature, qu’on voit cuire dans l’éloignement. Cela témoigne de quelque génie.

» En cet instant parurent les esclaves, apportant sur un plateau tout ce qui devait servir de préparation au festin. Parmi

  1. Le bois le plus estimé, mais non le moderne citronnier. Mon savant ami, M. S. Lander, suppose, avec beaucoup de probabilité, que ce bois étaitl’acajou.