sance, en exposant devant le public sa faiblesse et l’égarement de sa passion pour un autre. Tout souriait donc à Arbacès ; tout était menaçant pour l’Athénien.
CHAPITRE XI.
Lorsque la Thessalienne s’aperçut qu’Arbacès ne revenait pas auprès d’elle, lorsqu’elle eut été livrée heure par heure à la torture de cette cruelle attente que sa cécité lui rendait encore plus intolérable, elle commença à étendre les bras afin de découvrir s’il n’y avait point d’issue à sa prison, et, quand elle eut senti qu’il n’y avait qu’une porte et qu’elle était fermée, elle se mit à pousser des cris avec toute la véhémence d’un caractère naturellement violent, qu’irritait encore l’angoisse de l’impatience.
« Holà ! jeune fille, dit l’esclave chargé de veiller sur elle en ouvrant la porte, as-tu donc été mordue par un scorpion ? ou penses-tu que le silence nous ferait mourir ici, et que, comme Jupiter enfant, nous avons besoin d’être sauvés par un épouvantable charivari ?
— Où est ton maître ? et pourquoi suis-je enfermée ici comme dans une cage ? Il me faut l’air, la liberté… Laisse-moi sortir.
— Hélas 1 pauvre petite… ne connais-tu pas assez Arbacès pour savoir que sa volonté vaut un arrêt de l’empereur ? Il a ordonné que l’on te mît en cage ; tu es en cage, et je suis ton gardien. Il ne faut plus penser à l’air, à la liberté !. Mais tu auras à ta discrétion, ce qui vaut bien mieux… du pain et du vin.
— Ô Jupiter ! s’écria la jeune fille en joignant les mains, pourquoi suis-je emprisonnée ainsi ? Qu’est-ce que le grand Arbacès peut vouloir d’une pauvre créature comme moi ?
— Je n’en sais rien ; à moins que ce ne soit pour servir de compagnie à ta nouvelle maîtresse, qui a été amenée ici ce matin.
— Quoi ! Ione est ici ?