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LES DERNIERS JOURS

On y entrait par un long et étroit vestibule dont le pavé en mosaïque porte encore empreinte, l’image d’un chien avec cette inscription : Cave canem, ou : « Prends garde au chien. » De chaque côté on trouve une chambre de proportions raisonnables : car, la partie intérieure de la maison n’étant pas assez large pour contenir les deux grandes divisions des appartements publics et privés, ces deux chambres étaient disposées à part pour la réception des visiteurs auxquels le rang ou l’intimité ne permettait pas l’entrée des penetralia de la maison.

En avançant un peu dans le vestibule on rencontre l’atrium, lequel, lors de sa découverte, se montra riche de peintures qui, sous le rapport de l’expression, n’auraient pas fait déshonneur à Raphaël. Elles sont maintenant au Musée napolitain, où elles font l’admiration des connaisseurs. Elles retracent la séparation d’Achille et de Briséis. Qui pourrait s’empêcher de reconnaître la force, la vigueur, la beauté, employées dans le dessin des formes et de la figure d’Achille et de son immortelle esclave ?

Sur un des côtés de l’atrium, un petit escalier conduisait aux appartements des esclaves, à l’étage supérieur. Il s’y trouvait aussi deux ou trois chambres à coucher, dont les murs représentaient l’enlèvement d’Europe, la bataille des Amazones, etc.

On rencontrait ensuite le tablinum, au travers duquel, à partir des deux extrémités, étaient suspendues de riches draperies de pourpre de Tyr, à demi relevées[1] ; les peintures des murs offraient un poëte lisant des vers à ses amis, et le pavé renfermait une petite et exquise mosaïque, représentant un directeur de théâtre qui donnait des instructions à ses comédiens.

Au sortir de ce salon était l’entrée du péristyle ; et ici, comme je l’ai dit d’abord en parlant des plus petites maisons de Pompéi, la maison finissait. À chacune des sept colonnes qui décoraient la cour, s’enlaçaient des festons de guirlandes ; le centre, qui suppléait au jardin, était garni des fleurs les plus rares, placées dans des vases de marbre blanc supportés par des piédestaux. A gauche de ce simple jardin s’élevait un tout petit temple pareil à ces humbles chapelles qu’on rencontre au bord des routes, dans les contrées catholiques : il était dédié aux dieux pénates ; devant ce temple se dressait un trépied de bronze ; à gauche de la colonnade, deux petits cubicula ou

  1. Le triclinium était aussi fermé à volonté par des portes à coulisses.