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DE POMPÉI

Nous conduiront au sombre bord.
Nous verrons les tristes demeures.
Tombe, adieu : salut, jeune mort !

II

Ilicet : Notre cœur fidèle
En un tombeau vivant aussi,
Emporte ton âme éternelle
Avec les cendres que voici !
Le deuil dans le cœur se célèbre
Sans l’eau lustrale et sans le feu ;
La mémoire, au banquet funèbre,
Prononce en pleurs le triste Adieu !

III

Ilicet : Sur la rive sombre,
Tu te souviendras de nos pleurs ;
Nos gémissements, ô jeune ombre,
Sauront consoler tes douleurs.
Si l’amour est court dans la vie,
Il est éternel dans la mort ;
La rose est promptement ravie,
Le cyprès reste vert et fort.



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CHAPITRE IX.

Dans lequel une aventure arrive à Ione.


Pendant que quelques assistants demeuraient pour partager avec les prêtres le banquet funéraire, Ione et ses femmes continuaient leur mélancolique retour. Alors (les derniers honneurs ayant été rendus à son frère) son esprit sortit de la stupeur dans laquelle il avait été plongé. Elle songea à son fiancé et à l’accusation qui s’était élevée contre lui, sans y ajouter foi un moment, comme nous l’avons déjà dit, tant elle lui paraissait peu naturelle. Mais nourrissant les plus graves soupçons contre Arbacès, elle pensa que son devoir envers son amant et envers son frère assassiné lui commandait d’aller trouver le préteur et de lui communiquer son impression, quelque vague qu’elle fût. Questionnant ses