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LES DERNIERS JOURS

seul sentiment, celui de son isolement ; elle n’avait pas encore eu le temps d’arriver à cette consolante idée qui nous persuade que nous ne restons pas seuls, que les morts peuvent être avec nous.

La brise aida rapidement à l’effet des combustibles placés dans le bûcher. Peu à peu la flamme baissa, diminua, s’obscurcit et puis s’éteignit lentement, après quelques lueurs brusques et inégales, emblème de la vie elle-même. Où tout était, quelques moments auparavant, lumière et mouvement, il ne restait plus que des cendres brûlantes.

Les assistants éteignirent les dernières étincelles et recueillirent les cendres ; les restes du défunt, trempés dans les vins les plus rares et les parfums les plus précieux, furent enfermés dans une urne d’argent que l’on inséra soigneusement dans l’un des tombeaux qui bordaient la route ; on déposa en même temps la petite fiole pleine de larmes et la pièce de monnaie que la poésie consacrait encore au sombre nocher ; le tombeau se couvrit de fleurs et de guirlandes ; les encensoirs fumèrent sur l’autel et de nombreuses lampes furent allumées autour de la tombe.

Le lendemain, lorsque le prêtre revint y apporter de nouvelles offrandes, il s’aperçut qu’aux reliques de la superstition païenne une main inconnue avait ajouté une branche verte de palmier. Il ne l’ôta pas, parce qu’il ignorait que ce fût l’emblème funéraire du christianisme.

Les cérémonies que nous venons de décrire étant terminées, une des præficæ aspergea trois fois les assistants avec la branche purifiante de laurier, en prononçant ce mot : Ilicet, et tout fut fini.

Le cortège, avant de s’éloigner, prononça encore, à plusieurs reprises et en pleurant, ce touchant adieu : Salve, æternum ! et, pendant qu’lone était encore là, commença le chant suivant qui accompagnait le départ :


SALVE STERNUM.

I

Âme fugitive, urne sainte,
Pour la dernière fois, adieu.
Vous avez reçu notre plainte,
Et nous allons quitter çe lieu !
Nous aussi, les rapides heures,