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DE POMPÉI

Monte, monte, brillante flamme,
Brûle ce corps ; il est à toi ;
Mais à l’air appartient notre âme,
Car chaque élément a sa loi.

IV

Il vient, il vient, le vent s’avance,
Il murmure autour du bûcher ;
Sur ses ailes il se balance,
À la flamme il court s’attacher.
Vent, feu, luttez, luttez ensemble
Comme des serpents furieux ;
Séparez ce qui vous ressemble…
Lutte de la terre et des cieux !

V

Que l’encens remplisse l’espace !
Faites entendre un plus doux son !
Sur cette terre, où l’homme passe,
Son âme habite une prison.
Ainsi, te voilà délivrée
De l’esclavage où tu dormais !
Grâce au bûcher, âme épurée,
Te voilà libre pour jamais !

VI

Âme remontée à ta source,
Désormais pour toi plus de fers !
Des vents tu peux suivre la course,
Sur le vaste océan des airs.
Dans l’Élysée aux frais ombrages,
Tu vas donc errer à ton tour ;
Quand pourrons-nous, auprès des sages,
Te rejoindre en ce beau séjour !


Alors s’éleva très-haut dans les airs la flamme odoriférante, en se mêlant aux premières lueurs de l’aurore ; elle jeta un lumineux éclat à travers les obscurs cyprès ; elle s’élança au-dessus des murs de la cité voisine, et le pêcheur matinal tressaillit en voyant une couleur rougeâtre se répandre sur la mer endormie.

Mais Ione s’était assise à part et seule, et, appuyant sa figure sur ses mains, elle ne voyait pas la flamme, elle n’entendait pas les lamentations de la musique ; elle n’éprouvait qu’un