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LES DERNIERS JOURS

comme si elle s’apercevait pour la première fois de la présence de la foule qui l’environnait.

« Ah ! murmura-t-elle avec un frisson, nous ne sommes donc pas seuls ! »

Après un court intervalle, elle se releva, et son pâle et beau visage parut calme et sévère. D’une main tremblante et pieuse elle ouvrit les yeux d’Apœcides ; mais quand cet œil terne, où ne rayonnaient plus l’amour et la vie, rencontra le sien, elle jeta un cri, comme si elle avait vu un spectre. Se remettant ensuite, elle baisa à plusieurs reprises les yeux, la bouche, le front du défunt, et reçut des mains du grand prêtre d’Isis une torche funéraire qu’elle agita en quelque sorte sans avoir la conscience de son action.

Les éclats soudains de la musique et les chants des pleureuses annoncèrent la naissance de la flamme purifiante.


HYMNE AU VENT.

I

Ô vent, sur ton lit de nuages,
Réveille-toi ; vent doux et cher,
Accours soudain sur nos rivages,
Fils de l’Eurus ou de l’Auster !
Fusses-tu l’enfant de Borée,
Que la mer du Nord voit courir,
Ton haleine sera sacrée,
Comme l’haleine du zéphyr.

II

Nos encensoirs, sur ton passage,
Répandront des parfums jaloux.
Jamais Tempé, dans son bocage,
N’a pu t’en offrir de plus doux.
Tu croiras voir Chypre sourire
Aux feux d’un soleil indulgent ;
Le nard, et la casse et la myrrhe,
Vont embaumer tes pieds d’argent.

III

Source de tout ce qui respire,
Air éternel, nous t’attendons ;
Reprends, remporte en ton empire,
Cette âme hnmaine, un de tes dons.