Page:Lytton - Les derniers jours de Pompéi, 1859.djvu/312

Cette page n’a pas encore été corrigée
300
LES DERNIERS JOURS

« Je dois mettre cette fille en lieu sûr, se dit-il à lui-même, de peur gu’elle ne donne l’éveil sur le philtre. Quant à l’orgueilleuse Julia, elle ne se trahira pas. »


_____________________________


CHAPITRE VIII.

Funérailles classiques.


Pendant qu’Arbacès prenait toutes ces mesures, le chagrin et la mort étaient dans la maison d’Ione. C’était le lendemain matin que les funérailles solennelles devaient avoir lieu en l’honneur de la dépouille mortelle d’Apoecides. Le corps avait été apporté du temple d’Isis chez la plus proche parente du défunt. lone avait appris à la fois la mort de son frère et l’accusation portée contre son amant. Le premier transport de douleur qui absorbe l’esprit dans la douleur même, et le silence de ses esclaves, qui avaient peur de redoubler sa peine, ne lui avaient pas laissé l’occasion d’apprendre tous les détails du sort de Glaucus. Elle ignorait sa maladie, son délire, le procès qui l’attendait ; elle n’avait appris que l’accusation, qu’elle avait repoussée avec une âme indignée. Dès qu’elle sut qu’Arbacès était l’accusateur, elle fut immédiatement convaincue que l’Égyptien était lui-même le criminel. Mais la grande importance que les anciens attachaient aux cérémonies funèbres d’un parent, et les soins nombreux réclamés par ces cérémonies, avaient jusqu’à ce moment emprisonné sa douleur et ses convictions dans la chambre où le mort avait été déposé. Hélas ! il ne lui avait pas été permis d’accomplir ce tendre et touchant office qui impose au plus proche parent de recueillir, s’il est possible, le dernier souffle, l’âme fugitive d’un être chéri ; mais il lui appartenait de fermer ces yeux immobiles, ces lèvres muettes ; de veiller près de cette argile sacrée qui, baignée avec soin et couverte de précieux parfums, était couchée sur un lit d’ivoire et revêtue d’habits pompeux ; il lui appartenait de joncher ce lit de verdure et de fleurs, et de renouveler la branche de cyprès devant le seuil de sa porte. Dans ces douloureux devoirs, dans ces lamentations et dans ces prières, lone s’oublia elle-même. C’était une des coutumes