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LES DERNIERS JOURS

La porte se referma, et Nydia, avec un profond soupir, retomba sur le seuil et, s’enveloppant de nouveau de son manteau, reprit sa douloureuse veillée.

Pendant ce temps-là, Arbacès était déjà arrivé au triclinium où Salluste était en train de souper tardivement avec son affranchi favori.

« Quoi ! Arbacès, à cette heure !… acceptez cette coupe.

— Non, Salluste, je te remercie de cette offre hospitalière… ce n’est pas le plaisir qui m’amène, c’est pour affaire que je viens te troubler. Comment se porte ton prisonnier ? on dit qu’il a retrouvé sa raison.

— Hélas ! c’est vrai, répondit Salluste en essuyant une larme, car la bonté s’alliait chez lui à la dissipation ; mais ses nerfs et tout son corps ont reçu une telle atteinte que je reconnais à peine le brillant et joyeux compagnon de mes plaisirs. Ce qu’il y a de plus étrange, c’est qu’il lui est impossible d’expliquer la frénésie soudaine dont il a été saisi ; il n’a qu’un vague souvenir de ce qui s’est passé, et, en dépit de ton témoignage, sage Égyptien, il soutient solennellement qu’il est innocent de la mort d’Apœcides.

— Salluste, répondit gravement Arbacès, il y a dans l’affaire de ton ami bien des circonstances qui méritent une indulgence particulière, et, si nous pouvons obtenir de sa bouche l’aveu et le motif de son crime, on pourrait espérer la clémence du sénat : car le sénat, tu le sais, possède le droit de mitiger la loi ou. de la rendre plus sévère. C’est pour cela que j’ai conféré avec l’autorité la plus élevée de la ville et obtenu la permission de m’entretenir cette nuit avec l’Athénien. Tu n’ignores pas que le procès s’engage demain ?

— Eh bien ! dit Salluste, tu seras vraiment digne de ton nom oriental et de ta renommée, si tu peux tirer de lui quelque chose ; tu peux essayer. Pauvre Glaucus ! lui qui était doué d’un si bon appétit, il ne mange plus rien ! »

L’aimable épicurien s’attendrit de nouveau à cette pensée. Il soupira, et ordonna à ses esclaves de remplir sa coupe.

« La nuit s’avance, dit l’Égyptien ; permets que je voie ton hôte maintenant. »

Salluste fit un signe d’assentiment et le conduisit à une petite chambre gardée au dehors par deux esclaves assoupis. La porte s’ouvrit et, à la requête d’Arbacès, Salluste se retira laissant l’Égyptien seul avec Glaucus.

Un de ces hauts et gracieux candélabres, qui étaient com-