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LES DERNIERS JOURS

la terreur, le remords, les furies ou les bacchanales, je ne puis le dire.

— Pauvre garçon !… a-t-il un bon avocat ?

— Le meilleur… Caius Pollion, un garçon de talent. Pollion a engagé à prix d’argent tous les patriciens pauvres, tous les prodigues bien nés de Pompéi, à revêtir leurs vieux habits râpés, et à venir protester de leur amitié en faveur de Glaucus, qui ne leur aurait pas adressé la parole pour un empire, je dois lui rendre cette justice, car c’était un homme du grand monde dans le choix de ses connaissances. Ces gens-là vont tâcher d’attendrir les citoyens sur son sort, mais ils ne le pourront pas. Isis est très-populaire en ce moment.

— À propos ! j’ai quelques marchandises d’Alexandrie ; on doit protéger Isis.

— Oui. Adieu donc, mon digne ami, nous nous reverrons bientôt… sinon, nous ferons un petit pari à l’amphithéâtre. Tous mes calculs ont été renversés par cette fâcheuse aventure de Glaucus ; il avait parié pour Lydon le gladiateur… il faudra que je remplisse mes tablettes autre part… Vale ! »

Claudius, laissant Diomède, moins agile que lui, regagner sa maison de campagne, continua son chemin en fredonnant un air grec, et en parfumant la nuit des senteurs qui s’exhalaient de ses vêtements blancs comme la neige et de ses cheveux flottants !

« Si Glaucus, pensait-il, est la proie du lion, Julia n’aura rien de mieux à faire que de m’aimer ; je deviendrai à coup sûr son préféré… et ainsi, je le suppose, je puis arriver à l’épouser ; mais, par les dieux ! les douze signes commencent à me manquer. les hommes me regardent aux doigts d’un air soupçonneux, lorsque je remue le cornet. Cet infernal Salluste leur insinue que je triche… et, si l’on venait à découvrir que mes dés d’ivoire sont pipés, adieu les bons soupers et les billets parfumés… Claudius serait perdu ! Il vaut mieux me marier pendant qu’il enest temps encore, renoncer au jeu, et pousser ma fortune, ou plutôt celle de la belle Julia, à la cour impériale.

» Se livrant ainsi aux rêves de son ambition, si l’on peut donner ce nom aux projets de Claudius, le joueur se sentit arrêté par quelqu’un ; il se retourna et reconnut le sombre Arbacès.

« Salut, noble Claudius ! Pardonnez-moi d’interrompre vos pensées ; veuillez m’indiquer, je vous prie, la maison de Salluste.