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LES DERNIERS JOURS


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CHAPITRE VII.

Dans lequel le lecteur apprend la position de Glaucus. — L’amitié mise à l’épreuve. — L’inimitié adoucie. — L’amour toujours le même, parce que l’amour est aveugle.


La nuit était déjà avancée, et les endroits où les gais habitants de Pompéi avaient l’habitude de se réunir étaient encore remplis par la foule. On aurait pu observer sur le visage des différents oisifs une expression plus sérieuse que d’habitude. On s’entretenait par groupes nombreux, comme si l’on eût cherché à rendre moins vive, par cet échange, l’anxiété moitié pénible, moitié agréable, qui résultait du sujet de la conversation. C’était un sujet de vie et de mort.

Un jeune homme passa vivement à côté du gracieux portique du temple de la Fortune, si vivement même qu’il heurta avec assez de force la rotondité majestueuse du respectable Diomède, qui se retirait à sa maison du faubourg.

« Holà ! cria le marchand en reprenant avec quelque peine son équilibre ; est-ce que vous n’y voyez pas clair, ou pensez-vous que je suis insensible ? Par Jupiter ! vous avez failli chasser de mon corps le souffle divin qui l’anime ; un autre choc de cette force, et mon âme irait parmi les ombres.

— Ah ! Diomède ! est-ce vous ? pardonnez à ma maladresse ; j’étais absorbé dans la méditation des vicissitudes de la fortune. Notre pauvre ami Glaucus, ah ! qui l’aurait pensé ?

— Je vous excuse ; mais dites-moi, Claudius, sera-t —il réellement renvoyé devant le sénat ?

— Oui ; on dit que son crime est d’une nature extraordinaire, que le sénat seul peut le juger, de sorte que les licteurs doivent le poursuivre formellement[1].

— Il a donc été accusé publiquement ?

— Assurément !… Où êtes-vous donc allé pour n’en rien savoir ?

— Je reviens de Néapolis, où je suis allé pour affaire le len-

  1. Pline, ép. 2, 11, 12, v.4, 13.