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DE POMPÉI

est-elle une déesse ? a-t-elle créé le genre humain ? Elle a été faite par les humains au contraire. Soyez donc convaincus de sa nullité et de votre folie. »

Il dit, s’élança vers le temple, et, avant qu’un des assistants pût s’opposer à son dessein, poussé par sa pitié pour eux ou par son zèle, il renversa la statue de bois de son piédestal.

« Voyez, s’écria-t-il, votre statue nepeut se venger elle-même… Est-ce là une chose digne d’un culte ? »

On ne lui permit pas d’en dire davantage. Un si grand et si audacieux sacrilège, dans un temple des plus vénérés, mit au comble l’horreur et la rage dans l’assemblée : la foule, d’un commun accord, se précipita sur lui, le saisit, et, sans l’intervention de l’officier, l’aurait mis en pièces.

« Paix ! s’écria le centurion avec autorité ; emmenons cet insolent blasphémateur devant le tribunal compétent… il y a déjà assez de temps perdu comme cela… conduisons les deux coupables aux magistrats… placez le corps du prêtre dans une litière et portez-le à sa demeure. »

Le prêtre d’Isis se montra alors :

« Je réclame ces restes, dit-il, selon la coutume et le droit des prêtres.

— Qu’on obéisse au flamine ! dit le centurion. Comment est le meurtrier ?

— Insensible ou endormi.

— Si son crime était moins grave, je pourrais le plaindre. Allons. »

Arbacès, en se retournant, rencontra le regard du prêtre d’Isis : c’était Calénus. Il y avait dans ce regard quelque chose de si significatif et de si sinistre, quel’Égyptien se dit à lui-même : « A-t-il donc été témoin du fait ? »

Une jeune fille sortit de la foule et regarda en face Olynthus… Par Jupiter, dit-elle, voilà un homme… je vous l’ai dit, nous aurons quelqu’un pour le tigre, nous aurons une victime pour chaque bête !

« Oh ! oui, s’écria la foule, un homme pour le lion, un autre pour le tigre ! Quelle chance ! io, Pæan ! »