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LES DERNIERS JOURS

commençaient à paraître, il s’éveilla pour ainsi dire en sursaut de sa rêverie, en se souvenant du rendez-vous qu’il avait avec Olynthus.


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CHAPITRE V.

Le philtre. — Ses effets.


Lorsque Glaucus arriva chez lui, il trouva Nydia assise sous le portique du jardin. Elle était accourue à sa maison dans l’espérance qu’il reviendrait de bonne heure ; inquiète, craintive, rêveuse, elle s’était décidée à profiter de la première occasion qu’elle pourrait saisir pour éprouver la vertu du philtre, quoique en même temps elle désirât que cette occasion fût encore différée.

C’était dans cette disposition d’esprit, mêlée de désir et de crainte, le cœur palpitant, les joues en feu, que Nydia attendait la possibilité du retour de Glaucus avant la nuit. Il traversa le portique juste au moment où les premières étoiles se levaient, et où le ciel se revêtait de sa robe de pourpre.

« Ah ! mon enfant, est-ce que tu m’attends ?

— Non ; je venais d’arroser les fleurs, et je me reposais un moment.

— Il a fait chaud, dit Glaucus en s’asseyant sur un des sièges adossés à la colonnade.

— Très-chaud.

— Veux-tu appeler Dave ? le vin que j’ai bu m’altère, et je désirerais prendre quelque boisson rafraîchissante. »

Ainsi donc se présentait soudainement et d’une façon inattendue l’occasion recherchée par Nydia ; de lui-même, de son propre mouvement, ilvenait au-devant de ses souhaits. Comme elle respirait vite !… « Je veux vous préparer moi-même, dit-elle, le breuvage d’été qu’Ione affectionne ; un breuvage composé de miel et d’un peu de vin rafraîchis dans la neige.

— Merci, répondit Glaucus, loin de se douter de ce qui se passait dans l’âme de Nydia : si Ione l’aime, cela suffit ; je l’accepterai avec joie, fût-ce un poison. »

Nydia fronça le sourcil et sourit : elle disparut quelques