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DE POMPÉI

Leur entretien se continua alors sur les doctrines universelles et sublimes de l’immortalité ; il consola et éleva l’âme du jeune converti, qui, longtemps prisonnier dans l’ombre de son ancienne foi, avait besoin de cet air pur du ciel. Une différence marquée existait entre le christianisme du vieillard et celui d’Olynthus. La religion du premier était plus douce, plus bienveillante, plus divine ; l’âpre héroïsme d’Olynthus avait quelque chose de plus fougueux, de plus intolérant, nécessaire au rôle qu’il devait jouer ; en un mot, il y avait dans sa foi beaucoup plus du courage du martyr que de la charité du saint. Olynthus encourageait, excitait, fortifiait, au lieu d’attendrir et de subjuguer. Mais le cœur tout entier du divin vieillard s’était imprégné d’amour ; le sourire du Christ avait consumé toute l’ivraie des passions grossières et terrestres, et lui avait laissé, avec l’énergie d’un héros, toute la douceur d’un enfant.

« Maintenant, ajouta-t-il en se levant, au moment où le dernier rayon du soleil s’éteignait à l’occident, maintenant, dans la fraîcheur du soir, je vais continuer ma route vers l’impériale Rome. Là se trouvent quelques saints hommes, qui comme moi ont contemplé le Christ, et je veux les voir avant de mourir.

— Mais la nuit est froide à votre âge, mon père ; le chemin long et rempli de voleurs : reposez-vous jusqu’à demain.

— Cher fils, qu’y a-t —il dans cette sacoche pour tenter un voleur ? Et, quant à la nuit et à la solitude, ce sont elles qui forment l’échelle le long de laquelle les anges se rassemblent, et au pied de laquelle mon esprit peut rêver de Dieu. Oh ! personne ne sait ce que le pèlerin éprouve dans ses saintes courses ; il nenourrit aucune peur, il ne craint aucun danger ; car Dieu est avec lui. Il entend les vents lui murmurer de bonnes nouvelles ; les forêts dorment à l’ombre des ailes du Tout-Puissant ; les étoiles sont les saintes Écritures du Ciel, le gage d’amour, le témoignage de l’immortalité. La nuit est le jour du pèlerin. »

Après ces paroles, le vieillard pressa Apœcides sur son cœur, et prenant en main son bâton et son sac, tandis que son chien sautait gaiement devant lui, il continua son chemin à pas lents et les yeux baissés.

Le converti suivit du regard sa taille courbée, jusqu’à ce queles arbres l’eussent dérobé à sa vue ; et, comme les étoiles