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LES DERNIERS JOURS


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CHAPITRE IV.

L’histoire s’arrête un moment à un épisode.


Inquiet et sans repos, Apœcides consuma la journée à errer dans les promenades les plus solitaires du voisinage de la ville. Le soleil se couchait avec lenteur, lorsque le néophyte s’arrêta sur une partie peu fréquentée où coulait le Sarnus, avant que cette rivière pénétrât dans le séjour du luxe et de la puissance. A travers des échappées de vue entre les bois et les vignes, on pouvait seulement jeter un coup d’œil sur la blanche et rayonnante cité, dont aucun bruit ne parvenait à cette distance. On n’entendait pas le bourdonnement des hommes dans le tumulte des affaires ; le lézard courait sur le gazon à côté de la cigale, et de temps à autre un oiseau laissait éclater ses accents dans quelque coin isolé, puis se taisait soudain. Le calme était partout, mais ce n’était pas le calme dela nuit ; l’air était encore animé de la vie du jour ; des tribus d’insectes s’agitaient dans la verdure, et sur le bord opposé la blanche et gracieuse chèvre broutait l’herbe et s’arrêtait par moments pour se désaltérer.

Pendant qu’Apœcides regardait couler l’eau d’un air distrait, le sourd aboiement d’un chien se fit entendre près de lui.

« Tais-toi, pauvre ami, dit une voix, le pas de l’étranger est sans danger pour ton maître. » Le converti reconnut la voix, et, se retournant, il aperçut le vieillard mystérieux qu’il avait vu dans la congrégation des Nazaréens.

Le vieillard était assis sur un fragment de pierre recouvert de vieilles mousses ; à côté de lui étaient son bâton et son sac ; à ses pieds reposait un petit chien à longs poils, le compagnon de ses périlleux et étranges pèlerinages.

La figure du vieillard opéra comme un baume sur l’esprit agité du néophyte ; il s’approcha de lui, et, s’asseyant à son côté, lui demanda sa bénédiction.

« Vous êtes en équipage de voyage, mon père, lui dit-il ; voulez-vous déjà nous quitter ?

— Mon fils, répondit le vieillard, les jours que j’ai à passer