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DE POMPÉI

— Julia est assez charmante elle-même pour être généreuse, répliqua le Grec. Oui, j’aime Ione : parmi les jeunes adorateurs qui se pressent autour de vous, puissiez-vous en avoir un aussi sincère !

— Je prie les dieux de me l’accorder. Tenez, Glaucus, voici des perles que je destine à votre fiancée. Veuille Junon lui donner assez de santé pour les porter longtemps ! »

En prononçant ces mots, elle remit dans la main de Glaucus une cassette qui contenait un rang de perles assez grosses et d’une certaine valeur. C’était un usage assez général que les personnes qui allaient se marier reçussent de pareils cadeaux, pour que Glaucus ne se fit aucun scrupule d’accepter ce collier. Le courtois etfier Athénien se proposait d’ailleurs de rendre à Julia quelque présent qui aurait trois fois la valeur du sien. Elle l’arrêta au milieu de ses remercîments, et, versant un peu de vin dans une petite coupe, ajouta en souriant :

« Vous avez porté bien des santés avec mon père, portez-en une avec moi. A la santé et au bonheur de votre épouse ! » Elle toucha la coupe du bout des lèvres et la présenta à Glaucus. La coutume voulait qu’il la vidât jusqu’à la dernière goutte : il le fit. Julia, qui ignorait la supercherie de Nydia, suivait ses mouvements d’un regard inquiet et plein de feu. Quoique la magicienne l’eût prévenue que l’effet pourrait bien ne pas être immédiat, elle pensait que ses charmes doubleraient au moins la force du sortilège. Son attente fut trompée : Glaucus remit froidement la coupe sur la table et continua de s’entretenir avec elle d’un ton gracieux, sans témoigner aucune émotion nouvelle. Elle le retint aussi longtemps qu’elle put ; mais les manières de Glaucus ne changèrent pas à son égard.

« Demain, se dit-elle en laissant éclater sa joie, malgré sou désappointement… demain, hélas ! pour Glaucus !… »

Oh oui ! hélas pour lui, bien sûr.