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DE POMPÉI

Des amoureux va caresser les âmes.
Les fleurs couronnent leurs cheveux ;
Glisse-toi, musique charmante,
Pure, comme une voix d’amante
Murmurant ses premiers aveux.


À la fin de cette chanson Ione rougit plus fort qu’auparavant, et Glaucus avait eu l’adresse de presser sa main sous la table.

« C’est un agréable morceau, dit Fulvius d’un ton protecteur.

— Ah ! si vous vouliez nous faire la faveur de chanter vous-même ! dit la femme de Pansa.

— Souhaitez-vous que Fulvius chante ? demanda le roi du festin, qui venait d’ordonner à l’assemblée de boire à la santé du sénateur romain, en vidant une coupe pour chaque lettre de son nom.

— Pouvez-vous faire cette question ? » répondit la matrone en jetant un gracieux regard au poëte.

Salluste fit claquer ses doigts, dit un mot à l’esclave qui exécutait ses ordres ; celui-ci disparut et revint un moment après, tenant d’une main une petite harpe et de l’autre une branche de myrte.

L’esclave s’approcha du poëte, etlui présenta la harpe en s’inclinant aussi humblement que possible.

« Hélas ! je ne sais pas jouer de la harpe, dit le poëte.

— Alors il faut chanter au myrte. C’est une mode grecque. Diomède aime les Grecs, j’aime les Grecs, vous aimez les Grecs ; et, entre vous et moi, ce n’est pas la seule chose que nous aurons prise d’eux. Quoi qu’il en soit, j’introduis cet usage… Je suis le roi, vousêtes le sujet. Chantez, sujet ! chantez ! »

Le poëte, avec un sourire modeste, prit le myrte des mains de l’esclave, et, après un léger prélude, chanta le morceau suivant d’une voix agréable et bien timbrée :

<poem style="margin-left:9em; font-size : 90%" > LE COURONNEMENT DES AMOURS[1].

I

Les Amours, un jour de fête, Gambadaient joyeusement. Chacun faisait à sa tête ;

  1. Cette ode a été suggérée par la vue de deux peintures pompéiennes du musée de Naples, représentant une colombe et un casque que des amours placent sur un trône.