non ; comme cela est ridicule ! On dirait une statue de Diane ! Cependant cette Ione est belle. oui.
— Les hommes le disent ; mais elle est riche aussi ; elle va épouser l’Athénien ; je leur souhaite du bonheur. Il ne sera pas longtemps fidèle, je pense… Ces étrangers sont tous sans foi.
— Julia, dit Fulvia à la fille du marchand en s’approchant d’eux, avez-vous vu le nouveau tigre ?
— Non.
— Comment ! toutes les dames sont allées le voir. Il est si beau !
— J’espère qu’on trouvera quelque criminel ou tout autre combattant pour lui et pour le lion, répondit Julia. Votre mari, continua-t —elle en se tournant vers la femme de Pansa, n’est pas aussi actif qu’il devrait l’être dans cette affaire.
— Les lois, en vérité, sont trop indulgentes, reprit la dame au casque ; il y a trop peu de crimes pour lesquels on réserve le supplice des Arènes : aussi les gladiateurs deviennent des efféminés. Les plus audacieux bestiaires déclarent qu’ils veulent bien combattre un sanglier ou un taureau ; mais quand il s’agit de lions ou de tigres, ils se font prier. Le jeu leur parait trop dangereux.
— Ils sont dignes de porter des mitres[1], reprit Julia avec dédain.
— Oh ! avez-vous vu la nouvelle maison de Fulvius, de notre cher poëte ? dit la femme de Pansa.
— Non ; est-elle belle ?
— Très-belle, et du meilleur goût. Mais on dit, ma chère, qu’il a chez lui des peintures si peu bienséantes qu’il ne peut les montrer aux femmes. Cela n’est pas de bonne compagnie.
— Tous ces poëtes sont bizarres, dit la veuve ; cependant c’est un homme agréable ; quels jolis vers il compose ! Nous faisons de grands progrès en poésie. Il est impossible de lire à présent les vieux auteurs.
— Je proclame que je suis de votre opinion, répondit la dame au casque. Il y a bien plus de force et d’énergie dans la nouvelle école. »
Le guerrier s’approcha des dames en sautillant.
« Lorsque je vois de tels visages, dit-il, je me réconcilie avec la paix.
- ↑ Les mitres étaient quelquefois portées par des hommes, et regardées comme une grande marque de mollesse.