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DE POMPÉI


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CHAPITRE III.

Réunion élégante et dîner à la mode à Pompéi.


Pendant ce temps-là, Salluste et Glaucus se dirigeaient à pas lents vers la maison de Diomède. Malgré ses mœurs, Salluste n’était pas dépourvu de qualités estimables. Il aurait été ami actif, citoyen utile, en un mot, un excellent homme, s’il ne s’était pas mis en tête d’être philosophe. Élevé dans les écoles où Rome, plagiaire des Grecs, écoutait avec recueillement l’écho de leur sagesse, il s’était pénétré des doctrines par lesquelles les derniers épicuriens corrompaient les simples maximes de leur maître célèbre. Il s’abandonnait au plaisir, et s’imaginait que le véritable sage était celui qui vivait le plus joyeusement. Cependant il possédait beaucoup de connaissances ; il avait de l’esprit, un très-bon naturel, et la franchise cordiale même de ces vices leur donnait l’air de vertus à côté de la corruption de Claudius ou de la mollesse efféminée de Lépidus. Aussi Glaucus le regardait-il comme le meilleur de ses compagnons… Salluste appréciait en retour les qualités élevées de l’Athénien ; il l’aimait presque autant qu’une murène froide ou une coupe du meilleur falerne.

« Ce Diomède est un vieux compère assez vulgaire, dit Salluste, mais il a de bonnes qualités dans sa cave.

— Et de charmantes dans sa fille.

— C’est vrai, Glaucus ; mais il me semble que celles-là ne font pas actuellement une grande impression sur vous. Je crois que Claudius désire vous remplacer dans ses bonnes grâces.

— Je ne m’y oppose pas ; au banquet de sa beauté d’ailleurs, aucun convive n’est considéré comme une mouche[1].

— Vous êtes sévère. Mais tout cela n’empêche pas qu’elle a dans sa personne quelque chose de corinthien. Ils feront un couple assorti, après tout. Nous sommes, en vérité, bien bons, nous autres, de conserver pour compagnon un joueur et un oisif de cette espèce.

  1. On appelait mouches les convives qui déplaisaient ou qui se présentaient sans invitation.