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DE POMPÉI

fleurs d’été, fleur ailée lui-même ; dans ce lieu etdevant cette scène, le frère et la sœur se trouvaient réunis pour la dernière fois sur la terre. On peut fouler encore la même place ; mais le jardin n’existe plus. Les colonnes ont été brisées ; la fontaine a cessé de jaillir. Le voyageur pourra chercher parmi les ruines de Pompéila maison d’Ione. Elle est à peine visible ; je ne veux pas en indiquer les restes au touriste vulgaire. Celui qui aura plus de sensibilité que la foule, la découvrira aisément : quand il l’aura trouvée, qu’il garde comme moi le secret.

Nydia, les voyant assis ensemble, se retira à l’autre extrémité du jardin.

« Ione, ma sœur, s’écria le jeune converti, mets ta main sur mon front, elle en apaisera l’ardeur. Parle-moi aussi, car ta douce voix est comme la brise qui possède à la fois la fraîcheur et l’harmonie. Parle-moi, mais ne me bénis pas. Ne prononce aucune des formules que dans notre enfance nous considérions comme sacrées.

— Hélas ! que puis-jete dire alors ? le langage de l’affection est tellement uni pour nous à celui du culte, que les expressions deviennent froides et tristes, lorsqu’on en bannit toute allusion à nos dieux.

Nos dieux, murmura Apœcides avec un frisson. Tu oublies déjà ma requête.

— Ne faut-il te parler que d’Isis ?

— Du démon ! non, mieux vaudrait que tu fusses muette pour toujours, à moins-que tu ne pusses… Mais cessons de parler ainsi… ne passons pas notre temps à nous disputer… ce n’est pas le moment de nous juger avec sévérité. Tu me regarderais comme un apostat, et moi, je serais plein de chagrin et de honte pour ton idolâtrie… Éloignons, ma sœur, de pareils sujets et de telles pensées. En ta douce présence, le calme se répand dans mes esprits. Je cède un instant à l’oubli lorsque mon front repose ainsi, sur ton sein, lorsque je sens ton tendre bras autour de moi ; je crois que nous sommes encore enfants et que le ciel nous sourit à tous deux. Oh ! va, si j’échappe à n’importe quel danger, et qu’il me soit permis de te parler sur un sujet redoutable et sacré, puissé-je ne pas trouver ton oreille et ton cœur sourds à ma voix ! l’espérance que j’aurais pour moi-même ne balancerait pas le désespoir que j’éprouverais pour toi… Je vois en toi, ma sœur, une ressemblance de moi-même plus belle, plus noble, plus ai-