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LES DERNIERS JOURS


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CHAPITRE II.

L’amphitryon, le cuisinier, la cuisine classique. — Apœcides cherche Ione. — Leur conversation.


Le jour fixé par Diomède pour le banquet donné à des amis de choix était arrivé. Le gracieux Glaucus, la belle Ione, le magistral Pansa, l’illustre Claudius, l’immortel Fulvius, l’élégant Lépidus, l’épicurien Salluste, n’étaient pas les seuls convives destinés à honorer son festin de leur présence ; il attendait également un sénateur de Rome, d’une grande réputation et jouissant de beaucoup de crédit à la cour, qui était venu à Pompéi pour rétablir sa santé ; de plus un fameux capitaine d’Herculanum, qui avait combattu avec Titus contre les Juifs et s’était prodigieusement enrichi à la guerre, bien que ses amis prétendissent que sa patrie lui devait encore de la reconnaissance pour ses services désintéressés. La compagnie s’étendait à un plus grand nombre d’invités que ceux dont nous venons de parler. À cette époque, il n’était pas de bon goût, chez les Romains, comme on le sait, d’avoir à sa table moins de trois ou plus de neuf personnes ; on dérogeait quelquefois à cette règle par ostentation. L’histoire nous apprend que quelques riches amphitryons traitaient trois cents personnes de leur connaissance. Cependant, Diomède, plus modeste, s’était borné à doubler le nombre des Muses : il devait avoir à sa table dix-huit convives, nombre qui n’est pas extraordinaire de nos jours dans un monde distingué.

C’était le matin du banquet de Diomède ; et l’amphitryon lui même, tout en se donnant des airs d’élégance littéraire et de somptuosité, conservait assez de son expérience commerciale pour savoir que l’œil du maître rend le serviteur plus actif. En conséquence, laissant flotter sa tunique sur sa majestueuse poitrine, les pieds enveloppés dans de larges pantoufles, une petite baguette à la main, dirigeant tantôt avec elle les pas de ses esclaves, et tantôt leur appliquant sur le dos une légère correction, il allait de chambre en chambie, dans sa vaste maison de plaisance.