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DE POMPÉI

chaine de faire éclater sa foi aux yeux de sa nouvelle secte ; une horreur profonde du rôle qu’il avait joué jusqu’alors, et un vif désir d’en tirer vengeance se joignaient encore à ses sentiments de piété. Dans cet élan qui les transportait au delà de tous les obstacles, élan nécessaire à tous ceux qui forment des desseins élevés et aventureux, ni Olynthus ni son prosélyte ne mettaient en doute le succès, sans penser que la respectueuse superstition du peuple, en présence des autels de la grande déesse de l’Égypte, refuserait probablement de croire au témoignage de son propre prêtre déposant contre elle.

Apœcides consentit à ce projet avec une promptitude qui ravit Olynthus. Ils se séparèrent après être convenus qu’Olynthus en conférerait avec les principaux parmi ses frères chrétiens sur cette grande entreprise ; qu’il recueillerait leurs avis et l’assurance de leur concours au jour de l’événement.. Or l’une des fêtes d’Isis tombait le surlendemain même de leur entretien. Cette fête offrait l’occasion désirée ; ils résolurent de se réunir le soir suivant au même endroit, et dans cette réunion ils réglèrent définitivement les détails de la déclaration qui devait avoir lieu le lendemain.

Il arriva que la dernière partie de cette conférence avait été tenue près du sacellum, ou de la petite chapelle décrite dans la première partie de cet ouvrage ; et, dès que les ombres du prêtre et du chrétien eurent disparu du bosquet, une figure sombre et sinistre sortit de derrière la chapelle.

« J’ai eu raison de vous épier, mon confrère, se dit l’écouteur ; vous, prêtre d’Isis, vous ne veniez pas vous livrer à de vaines discussions avec ce mystérieux chrétien. Hélas ! combien il est regrettable que je n’aie pu entendre ce que vous avez dit ! mais j’ai compris du moins que votre intention est de révéler les mystères sacrés, et que demain vous devez vous réunir encore à cette place pour décider de l’heure et du mo-. ment. Puisse Osiris aiguiser alors mes oreilles, afin que je surprenne toute l’étendue de votre incroyable audace ! Lorsque j’en aurai appris davantage, j’irai consulter Arbacès. Nous découvrirons vos desseins, mes amis, tout impénétrables que vous croyiez être. Pour le présent, je me contente de renfermer votre complot dans mon sein. »

En prononçant ces paroles, Calénus, car c’était lui, s’enveloppa dans sa robe et rentra chez lui d’un air rêveur.