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LES DERNIERS JOURS

Julia ; je ne m’abaisserai pas à solliciter une faveur dela Napolitaine.

— Eh bien, soit ! je vais vous quitter pour aller faire ma requête, qui, je n’en doute pas, sera facilement accordée, et je reviendrai promptement.

— Va, et ton lit sera préparé dans ma propre chambre. »

Là-dessus, Nydia quitta la belle Pompéienne. En retournant chez Ione, elle rencontra le char de Glaucus, dont les chevaux, beaux et fringants, faisaient l’admiration de la foule.

Glaucus s’arrêta un moment avec bonté pour parler à la bouquetière.

« Toujours fraîche comme tes roses, ma gentille Nydia ! et comment se porte ta belle maîtresse ?… Elle est bien remise sans doute de l’orage d’hier ?

— Je ne l’ai pas vue ce matin, répondit Nydia, mais…

— Mais quoi ?… Recule un peu, les chevaux sont trop près de toi.

— Mais pensez-vous qu’Ione me permettra de passer la journée chez Julia, la fille de Diomède ? Elle le désire, et elle a été bonne pour moi, lorsque j’avais bien peu d’amis.

— Que les dieux bénissent ton cœur reconnaissant ! je te garantis la permission d’Ione.

— Mais je resterai toute la nuit ; je ne reviendrai que demain matin, reprit Nydia, qui tressaillit en entendant ces éloges peu mérités en ce moment.

— Comme il plaira à toi et à la belle Julia. Rappelle-moi à son souvenir ; et remarque, Nydia, lorsque tu l’entendras parler, la différence qu’il y a entre sa voix et la voix argentine d’Ione. Vale. »

Complètement remis lui-même des émotions de la nuit précédente, ses cheveux flottants, le cœur bondissant et joyeux à chaque élan de ses coursiers parthes, véritable type du dieu de son pays, plein de jeunesse et d’amour, Glaucus partit pour se rendre auprès de sa maîtresse.

Jouissons tant que nous pouvons du présent. qui peut lire dans l’avenir ?

À l’approche de la nuit, Julia, couchée dans sa litière, qui était assez large pour contenir sa compagne aveugle, prit le chemin des bains qu’Arbacès lui avait indiqué. Pour un esprit aussi léger que le sien, cette entreprise offrait moins de frayeur que de plaisir ; elle se réjouissait par-dessus tout à la pensée de son prochain triomphe sur cette odieuse Napolitaine.