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LES DERNIERS JOURS

Les amants respirèrent plus librement lorsqu’ils furent en plein air ; mais la scène dont ils venaient d’être témoins, les paroles et les éclats de rire de la sorcière, pesaient encore sur le cœur d’Ione : Glaucus lui-même avait peine à se remettre de l’émotion qu’il avait éprouvée. L’orage avait passé, on n’entendait plus qu’un coup de tonnerre de temps à autre à distance, dans les nuages sombres, ou bien un éclair égaré venait protester contre la lune victorieuse. Ils regagnèrent le chemin avec quelque difficulté, et retrouvèrent la voiture suffisamment réparée pour qu’ils pussent reprendre leur route. Le carrucarius invoquait à grands cris Hercule pour lui demander ce que ses maîtres étaient devenus.

Glaucus essaya vainement de ranimer les esprits épuisés d’Ione ; il ne réussit pas davantage à reprendre lui-même l’élasticité de sa gaieté naturelle. Ils parvinrent bientôt à la porte de la ville. Comme on la leur ouvrait, ils rencontrèrent une litière portée par des esclaves et qui barrait le chemin.

« Il est trop tard pour sortir, cria la sentinelle à la personne placée dans la litière.

— Pas du tout, répondit une voix que les amants n’entendirent pas sans effroi, car ils la reconnurent immédiatement. Je suis attendu à la maison de campagne de Marcus Polybius. Je reviendrai dans peu d’instants. Je suis Arbacès, l’Égyptien. »

Les scrupules du gardien s’évanouirent, et la litière passa à côté de la voiture qui ramenait les amants.

« Arbacès à cette heure et à peine rétabli, ce me semble1. Où va-t-il, et pour quel motif quitte-t-il la ville ? dit Glaucus.

— Hélas ! répondit Ione en fondant en larmes, mon âme pressent de plus en plus quelque prochain malheur. Préservez-nous, ô dieux ! ou du moins, ajouta-t-elle intérieurement, préservez Glaucus ! »