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DE POMPÉI

la pluie ; mais la pluie tombait avec tant de violence que rien ne lui faisait obstacle. Pendant que Glaucus soutenait la belle [one et l’encourageait tout bas à prendre patience, la foudre éclata sur un des arbres qui se trouvaient immédiatement devant eux, et fendit en deux son large tronc. Ce redoutable accident leur fit connaître le péril qu’ils couraient sous leur propre abri, et Glaucus regarda autour de lui avec anxiété pour voir s’il ne découvrirait pas un lieu de refuge moins exposé au danger.

« Nous sommes maintenant, dit-il, à peu près à la hauteur de la moitié du Vésuve ; il doit y avoir quelque caverne, quelque creux dans ces rochers couverts de vignes, retraite abandonnée par les nymphes ; si nous pouvions y arriver ! »

En parlant ainsi, il s’éloigna un peu de l’arbre, et, parcourant la montagne d’un regard attentif, il aperçut à une distance peu considérable une lumière rouge et tremblante. « Cette lumière, dit-il, doit provenir du foyer de quelque berger ou de quelque vigneron ; elle va nous guider vers un endroit hospitalier. Voulez-vous rester ici, Ione… pendant que… mais non… je ne voudrais pas vous quitter lorsqu’il y a du danger…

— J’irai volontiers avec vous, dit lone ; quoique cet espace soit découvert, il vaut encore mieux que l’abri perfide de’ces arbres. »

Glaucus, moitié conduisant, moitié portant lone, s’avança, accompagné de la tremblante esclave, vers lalueur rougeâtre et d’un aspect étrange qui les guidait. Ils en perdaient quelquefois les rayons à travers les plants de vigne sauvage qui remplissaient leur chemin découvert et encombraient leurs pas. Cependant la pluie augmentait toujours, et les éclairs revêtaient leurs formes les plus effrayantes et les plus sinistres. Ils continuaient néanmoins à marcher, dans l’espoir que, si leur attente était trompée par cette lumière, ils arriveraient pourtant à quelque demeure de berger ou à quelque caverne propice. Les vignes s’entortillaient de plus en plus devant eux ; la lumière disparaissait complètement à leur vue ; mais un léger sentier qu’ils suivaient avec fatigue et avec peine continuait à les conduire dans sa direction, à la seule lueur des éclairs que lançait l’orage. La pluie cessa soudain ; un terrain escarpé et rude, formé par la lave, s’étendait devant eux, rendu plus terrible encore dans son aspect par les éclats de foudre qui l’illuminaient de temps à autre. Quelquefois la flamme, en