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DE POMPÉI

— Certainement, répondit Julia, toujours fière de son opulence.

— Commande ta litière. à deux milles de la ville, il y a une maison de plaisir, fréquentée par les plus riches Pompéiens, connue pour l’excellence de ses bains et la beauté de ses jardins. Tu peux en faire le prétexte de ta promenade.tu m’y trouveras, fussé-je mourant, près de la statue de Silène, dans le petit bois qui borde le jardin ; je te conduirai moi-même chez la magicienne. Nous attendrons que l’étoile du soir ait fait rentrer les troupeaux des bergers, qu’un sombre crépuscule nous entoure et dérobe nos pas à tous les yeux. Arbacès, le magicien, l’Égyptien, te jure, par le destin, qu’Ione ne sera jamais l’épouse de Glaucus.

— Et que Glaucus sera le mien, ajouta Julia, achevant la sentence.

— Tu l’as dit, » répliqua Arbacès ; et Julia, à demi effrayée du terrible engagement qu’elle prenait, mais poussée par la jalousie et par la haine contre sa rivale, résolut de le tenir.

Demeuré seul, Arbacès laissa éclater ses sentiments.

« Brillantes étoiles qui ne mentez jamais, vous commencez déjà l’exécution de vos promesses, le succès dans mes amours, la victoire sur mes ennemis, pour le reste de ma douce existence. Au moment même où mon esprit ne me fournit plus aucun moyen de vengeance, vous m’avez envoyé pour appui cette belle insensée ! » Il se plongea dans ses profondes pensées. « Oui, ajouta-t-il d’une voix plus calme. Je ne lui aurais pas donné, moi, ce poison qui sera le philtre… sa mort aurait pu me compromettre en remontant jusqu’à ma porte… Mais la magicienne !… ah ! c’est elle qui est l’agent le plus convenable pour mes desseins ! »

Il appela un de ses esclaves, lui ordonna de suivre les pas de Julia et de s’informer du nom et de la condition de la jeune fille. Cela fait, il sortit sous le portique. Les nuages étaient sereins et clairs ; mais, familiarisé comme il l’était avec les moindres variations de l’atmosphère, il aperçut une masse de nuages, au loin à l’horizon, que le vent commençait à agiter, et qui annonçaient un orage.

« C’est l’image de ma vengeance, dit-il ; le ciel est pur, mais le nuage s’approche.

»