Page:Lytton - Les derniers jours de Pompéi, 1859.djvu/218

Cette page n’a pas encore été corrigée
206
LES DERNIERS JOURS

— Pourrai-je venir savoir le résultat de la visite ? dit Nydia avec empressement.

— Embrasse-moi pour l’intérêt que tu prends à l’honneur de Julia, répondit-elle : oui, assurément, tu pourras venir. Ce soir, nous soupons dehors. Reviens demain matin à cette heure-ci, et tu connaîtras tout. Arrête ; prends ce bracelet pour la bonne pensée que tu m’as inspirée ; souviens-toi, si tu sers Julia, qu’elle est reconnaissante et généreuse.

— Je ne puis accepter ton présent, dit Nydia en repoussant le bracelet ; mais, toute jeune que je suis, je puis sympathiser avec ceux qui aiment, et qui aiment en vain.

— En est-il ainsi ? reprit Julia… Tu parles comme une femme libre, et tu seras libre aussi. Adieu. »


_____________________________


CHAPITRE VIII.

Julia visite Arbacès. — Le résultat de cette entrevue.


Julia visite Arbacès. — Le résultat de cette entrevue.

Arbacès était assis dans une chambre qui donnait sur une espèce de balcon ou de portique, devant son jardin. Sa joue, extrêmement pâle, témoignaitdes souffrances qu’il avait éprouvées ; mais sa constitution de fer avait triomphé des terribles effets de l’accident qui était venu détruire ses espérances au moment de la victoire. L’air embaumé qui effleurait son front ravivait la langueur de ses sens, et le sang circulait plus librement qu’il ne l’avait fait depuis plusieurs jours dans ses veines irritées.

« Ainsi donc, disait-il, l’orage que m’annonçait le destin a éclaté et disparu ; le malheur prévu par ma science, qui menaçait jusqu’à ma vie, s’est éloigné !… j’existe !… il est venu comme les étoiles me l’avaient prédit, et maintenant, une belle, une prospère, une brillante carrière, qui devait s’étendre devant moi si je ne succombais pas, me sourit assurément ; j’ai passé, j’ai dompté le dernier danger réservé à ma destinée. À présent, je n’ai plus qu’à parcourir les riants jardins de l’avenir… sans crainte, en toute sécurité. Le premier ce tous mes plaisirs, même avant l’amour, ce sera la vengeance. Ce jeune Grec qui a traversé ma passion, anéanti mes