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DE POMPÉI

Mais, dis moi, tu entends les récits des esclaves, toujours portés vers ces croyances, toujours prêts à employer la magie dans leurs basses amours. N’as-tu jamais entendu parler de quelque magicien de l’Orient, qui possédât dans cette cité-ci l’art que tu ignores ? Je ne te parle point de nécromanciens, de jongleurs de places publiques ; je te parle de quelque puissant magicien de l’Inde ou de l’Egypte.

— De l’Égypte ? oui, dit Nydia, en tressaillant. Qui n’a pas, à Pompéi, entendu parler d’Arbacès ?

— Arbacès ! c’est vrai, reprit Julia en ressaisissant ce souvenir. On dit que c’e3t un homme qui est bien au-dessus des vaines impostures de tant de prétendants à la science ; qu’il est versé dans la connaissance des astres et les secrets de l’ancienne nox ; pourquoi ne le serait-il pas dans les mystères de l’amour ?

— S’il ya un magicien vivant dont l’art soit au-dessus de celui des autres, c’est bien ce terrible homme, répondit Nydia ; et elle toucha son talisman par précaution en prononçant ces paroles.

— Il est trop riche pour qu’on lui offre de l’argent, continua Julia ; mais ne puis-je lui faire une visite ?

— Sa maison est une maison funeste pour les jeunes et belles femmes, répliqua Nydia… J’ai d’ailleurs entendu dire qu’il languissait dans…

— Une maison funeste ? dit Julia, s’arrêtant à ces premières paroles. Pourquoi ?

— Ses nocturnes orgies sont impures et souillées… du moins, la rumeur publique le dit.

— Par Cérés ! par Pan et par Gybèle ! tu ne fais que piquer ma curiosité, au lieu d’exciter mes craintes, reprit l’audacieuse et indiscrète Pompéienne. Je veux le voir et l’interroger sur sa science. Si l’amour est admis dans ses orgies, il en doit connaître les secrets. »

Nydia ne répondit pas.

« Je le visiterai aujourd’hui même, dit Julia, oui ; et pourquoi ne serait-ce pas sur l’heure ?

— En plein jour et dans l’état où il est, vous avez sûrement moins à craindre, répondit Nydia, cédant elle-même au désir secret de savoir si le sombre Égyptien possédait des philtres qui pussent faire aimer, philtres dont la Thessalienne avait souvent entendu parler.

— Qui oserait insulter la riche fille de Diomède ? s’écria Julia avec hauteur. J’irai.